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Smic : le patronat veut pouvoir baisser les salaires
Le gouvernement prête une oreille complaisante au rapport qu’il a lui-même commandé à de prétendus économistes indépendants qui préconisent de s’attaquer au smic.
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, estime que ce rapport apporte une contribution utile et affirme que les propositions qu’il recèle vont s’intégrer dans les réflexions en cours. Il est vrai qu’une des propositions du rapport s’applique déjà, celle qui consiste à renoncer à tout coup de pouce, même minime, au smic. Le dernier date de 2012, lorsque Hollande avait royalement accordé 0,6 % en plus de l’indexation du smic sur les prix et les salaires, soit au total une augmentation de 2 %. Depuis, les coups de pouce ont disparu et les revalorisations annuelles, par exemple celle de 0,9 % en janvier dernier, ne compensent pas les hausses de loyers, de l’électricité, etc., que subissent les travailleurs. Cela n’empêche pas les « experts » de proposer une révision à la baisse de cette indexation. Le premier d’entre eux, Gilbert Cette, soutien de Macron dans sa campagne électorale après avoir soutenu Hollande cinq ans plus tôt, prétend que « l’augmentation du smic pousse les salaires à la hausse et cette dernière conduit à l’augmentation du smic ». Autrement dit, pour ce monsieur, le smic sera toujours trop élevé, comme d’ailleurs l’ensemble des salaires !
Lors de l’émission sur LCI intitulée Macron osera-t-il toucher au smic ?, programmée dans la foulée de ce rapport, des représentants patronaux sont allés plus loin, parlant de smic jeunes et de régionalisation du smic.
En 1994 déjà, un rapport qui voyait dans le smic « une barrière à l’emploi des travailleurs peu qualifiés » avait servi de justificatif au gouvernement Balladur pour autoriser le patronat à payer les moins de 26 ans à 80 % du smic, et même moins sous prétexte de formation. Heureusement la jeunesse était descendue dans la rue et avait obtenu l’annulation de cette mesure. Ce fut une nouvelle fois le cas en 2006 avec le contrat première embauche que le Premier ministre, Dominique de Villepin, avait voulu instaurer et qu’il avait dû remballer devant les mobilisations.
Quant à la régionalisation du smic, ce serait un retour à… 1950, où le salaire minimum, appelé smig, ne s’appliquait qu’à une partie de la région parisienne. Ailleurs, les travailleurs subissaient des abattements définis par zones, pouvant aller jusqu’à 18 %. Il avait fallu attendre la grève générale de mai 1968 pour mettre fin aux abattements de zone et à l’existence d’un salaire minimum agricole inférieur au smig. Celui-ci fut revalorisé de 35 %.
Et en 2017, alors que les bénéfices du CAC 40 ont augmenté de 28 % au premier semestre, dépassant les 51 milliards d’euros, un smic à 1 151,50 euros par mois et moins encore à temps partiel pour les jeunes et les moins jeunes, en région parisienne ou ailleurs, n’est un salaire suffisant pour personne.