SDF : cachez cette pauvreté qu’on ne saurait voir !13/12/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/12/2576.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

SDF : cachez cette pauvreté qu’on ne saurait voir !

La Fondation Abbé-Pierre a lancé jeudi 7 décembre une campagne d’affichage contre le mobilier urbain anti-SDF.

En effet, dans de nombreuses grandes villes, les municipalités, les sociétés de bus ou la RATP s’ingénient à créer des dispositifs pour chasser les sans domicile fixe. Ce sont des picots placés devant des commerces, des sièges inclinés ou des accoudoirs pour empêcher les gens de s’allonger. L’imagination pour déloger les SDF est sans limite ! Par contre, l’État comme les municipalités n’en ont aucune pour construire les hébergements d’urgence et surtout les logements bon marché, comme le souligne la Fondation avec le slogan de son affiche : « Au lieu d’empêcher les SDF de dormir ici, offrons-leur un logement décent ailleurs ! »

En dix ans, le nombre de personnes à la rue a augmenté de 50 % : d’après l’Insee, elles seraient 143 000 en France, dont 30 000 mineurs. Dans le seul département de la Seine-Saint-Denis, en 2016, 8 125 personnes ont dû se résoudre à dormir dans la rue, malgré un appel au 115. Parmi elles, près de la moitié étaient des enfants. « Au 115, on n’arrive à décrocher qu’un appel sur dix ! », témoigne une responsable d’association qui fait des maraudes. Mais même avec un taux de réponse aussi faible, « on passe notre temps à répondre non. Pour les équipes, c’est très dur et très violent de devoir toujours dire non à des personnes en détresse ». Ainsi, le soir du jeudi 30 novembre, sur les 290 appels décrochés, après une durée d’attente moyenne de 78 minutes, seules 41 demandes de mises à l’abri ont pu être satisfaites. Les demandes non pourvues ont quant à elles concerné 249 personnes, dont 236 dans des familles. Ce soir-là, il neigeait. Ce sont ainsi 120 enfants, dont 33 âgés de moins de trois ans, et 15 femmes enceintes qui ont été renvoyés à la rue.

Pourtant, les solutions existent. Des logements sont laissés vacants et de nombreux bureaux vides pourraient être transformés en logements décents. Mais ce serait aller contre les intérêts de ceux qui profitent de la spéculation immobilière. La ministre de la Santé vient d’ouvrir officiellement une concertation « sur une nouvelle stratégie de lutte contre la pauvreté ». Il n’en sortira que des vœux pieux.

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