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SNCF : recherche de la rentabilité et trains bloqués
La SNCF n’a nul besoin, pour paralyser son trafic, d’être victime d’une cyber-attaque ou d’un piratage informatique : elle s’en charge très bien toute seule. À Paris, dimanche 3 décembre, la panne informatique sur le système d’aiguillage a totalement interrompu l’arrivée et le départ des trains à la gare Montparnasse.
Le plan B, dont se vante la direction, était un plan Bazar : il s’agissait de rediriger des milliers de voyageurs sur la gare d’Austerlitz pour les grandes lignes et Versailles-chantiers pour la banlieue. Seul le dévouement des cheminots, du moins ceux dont le poste à l’accueil n’a pas été supprimé, a permis d’éviter la catastrophe.
Dans la gare d’Austerlitz, la pagaille était aussi indescriptible qu’à Montparnasse. Elle aurait pu être mortelle. Ainsi une voyageuse a été traînée le long du quai sur une centaine de mètres par une rame dont la portière s’était refermée sur sa manche.
Cette paralysie survient à peine quatre mois après celle du mois d’août qui avait déjà stoppé tout trafic dans la même gare de Paris, à Montparnasse, pendant trois jours.
À la suite de cette panne, le gouvernement fait mine de s’étonner et de s’indigner. Bon nombre de journalistes ont sauté sur l’occasion pour dénoncer l’étatisme ferroviaire et le manque de productivité des cheminots. Comme si l’État n’était pas celui des capitalistes et des banquiers !
C’est au contraire la recherche de la rentabilité et du profit qui est en cause dans la vétusté du réseau et ses multiples pannes. À partir des années 1980, le nombre de kilomètres de voies renouvelées a été divisé par deux. Il en a été de même des équipements de voies, des caténaires, des divers postes. Les effectifs chargés de l’entretien ont été sacrifiés, alors que les intérêts versés aux banques explosaient. Même des réseaux informatiques sont aujourd’hui obsolètes.
Résultat : de nombreuses pannes paralysent régulièrement la circulation. Ainsi dimanche 27 novembre, à Paris, une panne sur un transformateur à la gare Saint-Lazare avait déjà bloqué plusieurs centaines de trains. Il en a été de même le lendemain à cause d’une panne électrique, entre Caen et la Manche, avec des voyageurs bloqués pendant quatre heures dans leur rame.
De même, du 29 novembre au 4 décembre, tout le trafic voyageurs et marchandises a été quasi paralysé en raison d’une défaillance électrique sur un poste de commande ferroviaire entre Miramas, Marseille et Avignon.
Gilles Savary, auteur de nombreux rapports parlementaires sur le ferroviaire, dit lui-même à propos de cette succession de pannes : « Le péché originel de tout cela, c’est l’état de dégradation proprement inouï de notre réseau ferré, et dont n’ont pas conscience, je crois, les Français. » En qualité d’ancien député et responsable du Parti socialiste depuis 1997, il peut en être conscient : son parti au gouvernement a été un des principaux responsables de cette situation.
En tout cas, les cheminots et les usagers sont, bien malgré eux, contraints de subir quotidiennement l’état d’un réseau ferroviaire de plus en plus dégradé, miné par la recherche du profit tout comme la société qui l’entoure.