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Afrique : Macron emboîte le pas à Hollande et Sarkozy
Emmanuel Macron a commencé mardi 28 novembre une tournée de trois jours en Afrique. Il tente de ne pas répéter les formules de ses prédécesseurs, tant ceux-ci ont déjà proclamé à l’envi que l’ingérence de la France dans ses anciennes colonies appartenait au passé, sans que rien ne change.
Dès avant son arrivée, à sa première étape au Burkina Faso, les étudiants ont montré qu’ils n’étaient pas dupes. Leurs organisations ont appelé à manifester contre le pillage des ressources africaines par l’impérialisme français, la présence de militaires français au Burkina et le maintien du franc CFA, « monnaie coloniale ». Dans son discours à l’université de la capitale, Ouagadougou, Macron a commencé par déclarer que « les crimes de la colonisation européenne sont incontestables » et d’affirmer « qu’il n’y a pas de politique africaine de la France », avant de décliner sans complexe ses objectifs sur le continent.
Il a remercié le dictateur tchadien Idriss Déby et le président nigérien Mahamadou Issoufou pour l’installation sur leur territoire de centres d’examen des demandes d’asile, et incité les présidents africains à aider au retour de l’immense majorité des migrants qui voient leur demande refusée. Il n’a pas hésité à utiliser l’indignation suscitée par la découverte de marchés aux esclaves en Libye et a appelé le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) à « identifier en Libye les femmes et les hommes qui peuvent bénéficier du droit d’asile » pour les ramener au Niger, ce qui revient à faire le tri au sein même des prisons libyennes.
Contre les groupes djihadistes qui multiplient les attentats meurtriers, Macron a commencé par rendre hommage à François Hollande pour avoir décidé l’intervention militaire au Mali. Puis il a encore une fois incité les armées africaines à prendre le relai en développant le G5 Sahel, une force composée de soldats burkinabés, tchadiens, maliens, nigériens et mauritaniens. Alors que les attentats se multiplient dans tous ces pays, les intérêts de l’impérialisme français y seraient ainsi défendus avec le sang des Africains.
En ce qui concerne les dictatures du continent, Macron a hypocritement félicité la jeunesse burkinabée d’avoir renversé Blaise Compaoré, glissant sur le fait que ce dictateur ne s’était maintenu si longtemps que grâce au soutien de la France, et que c’est l’armée française qui l’avait sauvé en l’évacuant au dernier moment vers la Côte d’Ivoire. Il n’y avait d’ailleurs qu’à entendre la longue liste des chefs d’État auquel il rendait hommage pour mesurer ce que Macron entendait par démocratie : Idriss Déby bien sûr, mais aussi le roi du Maroc qui provoquerait « une prise de conscience contre l’extrémisme religieux », ou le prince héritier d’Arabie Saoudite qui aurait promis à Macron de fermer toutes ses fondations.
Avec de tels alliés, l’appel de Macron en faveur de l’éducation des filles en Afrique et pour l’égalité entre les sexes ne pouvait apparaître que pour ce qu’il était : une totale hypocrisie.
Macron a annoncé qu’il défendrait cette politique mercredi 29 et jeudi 30 novembre devant le sommet Union européenne-Union africaine à Abidjan, où sont attendus 83 chefs d’État et de gouvernement. À la différence de ses prédécesseurs, il a pris soin de ne pas se faire accompagner des dirigeants de grands groupes, mais s’est entouré de patrons de petites entreprises dites innovantes, et il terminera son voyage par le Ghana, une ancienne colonie anglaise. Il affecte ainsi un petit air de rupture avec les pratiques issues de la décolonisation. Mais ces ficelles de communication ne peuvent cacher le fait que Macron perpétue la politique de Hollande et de Sarkozy et défendra, comme eux, en Afrique les intérêts de l’impérialisme français.