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Transport aérien : la course mondiale au profit
Ça va bien pour les actionnaires d’Air France-KLM : ils viennent de racheter pour 245 millions d’euros d’actions de Virgin Atlantic, et le cours de l’action Air France s’est envolé, de même que les résultats financiers de la compagnie.
En parallèle, les compagnies Delta Airlines et China Eastern, partenaires d’Air France dans l’alliance mondiale Skyteam, ont pris pour 750 millions d’euros d’actions Air France-KLM. Cela consolide le capital de la compagnie franco-néerlandaise et, en prime, cela lui donne plus de moyens pour tenter de s’emparer de nouvelles parts de marché. Et les occasions abondent quand, rien qu’en Europe ces dernières semaines, plusieurs compagnies viennent de déposer leur bilan, en jetant sur le tarmac des centaines de salariés de Monarch Airlines en Grande-Bretagne et d’Air Berlin, ou risquent de disparaître, telle Alitalia, voire Ryanair.
Mis en appétit, les trois principaux groupes européens – Air France-KLM, l’allemand Lufthansa et l’anglo-espagnol IAG – aiguisent leurs couteaux, avec dans leur sillage les regroupements mondiaux dont ils sont des pivots. C’est en dizaines de milliards que se chiffrent leurs raids sur des rivaux malchanceux, preuve que l’argent coule à flots pour ce petit monde des géants du transport aérien.
La concentration mondiale du secteur aérien autour de quelques pôles géants – telle l’alliance Skyteam, à laquelle participe Air France-KLM et qui regroupe une vingtaine de compagnies dans le monde – se poursuit à un rythme accéléré. En Europe, mais pas seulement. Ainsi, ces dernières semaines, Air France-KLM a fait passer dans son orbite une compagnie indienne et Vietnam Airlines. S’y ajoute l’ouverture, avec des partenaires locaux, de centres de maintenance, en Asie notamment. On assiste au même phénomène d’absorption de concurrents plus petits de la part des leaders des autres grands regroupements mondiaux, Sky Alliance, One World.
Quant aux compagnies low-cost (à coûts réduits), qui se sont développées en proposant des prestations à des tarifs toujours plus bas sur les mêmes réseaux et destinations que les compagnies traditionnelles, la concurrence avec ces nouvelles venues a un prix très lourd pour les travailleurs du secteur. D’abord pour ceux des low-cost où, des bagagistes jusqu’aux pilotes, tout le monde s’est vu imposer des salaires réduits et des conditions de travail très dégradées. Mais aussi pour le personnel des compagnies traditionnelles. Leurs directions ne cessent en effet d’invoquer la concurrence des low-cost pour tirer salaires et conditions de travail vers le bas avec, chez Air France, réduction ou blocage des salaires, suppression de congés, allongement du temps de travail, suppressions d’emplois massives, etc.
Dans l’aérien comme ailleurs, les capitalistes n’ont qu’une idée en tête, augmenter leurs profits. En Europe, les directions des grandes compagnies se fixent pour objectif d’obtenir des rendements de capitaux avoisinant 14 %, comme leurs homologues nord-américaines. Donc, pas question de ralentir la course aux suppressions d’effectifs, au gel des salaires. Et, alors qu’elles fanfaronnent sur leurs excellents résultats financiers dans les médias spécialisés, pas question non plus de cesser d’accroître leurs marges. Quant à la disparition de certaines compagnies, c’est une aubaine pour les autres : en réduisant l’offre de sièges, cela leur permet d’augmenter le prix des billets vendus aux passagers.
Ceux-ci sont en outre victimes de l’anarchie qu’engendre ce système. Par exemple, à force de tirer sur la corde avec les conditions de travail et de salaire de ses pilotes, Ryanair les a fait fuir et a été obligé, de ce fait, d’annuler des dizaines de milliers de vols, laissant parfois au sol des passagers déjà enregistrés ou acheminés.
La preuve est encore faite de l’irresponsabilité de ces groupes capitalistes, qui n’ont que mépris pour leurs salariés et tout autant pour leurs passagers. Il y a urgence à leur ôter les commandes.