Renault Trucks – Vénissieux : la rapacité des patrons n’a pas de frontières01/11/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/11/2570.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Trucks – Vénissieux : la rapacité des patrons n’a pas de frontières

Pendant plusieurs semaines, une ligne de montage de l’usine Moteurs, la ligne MDEP, a été victime de ruptures d’approvisionnement de turbocompresseurs.

Des pièces manquantes, c’est le lot quotidien du montage des moteurs, les fournisseurs ne pouvant pas suivre. Et, à Renault Trucks comme ailleurs, les stocks étant réduits au minimum, la production est rattrapée à coups d’heures supplémentaires le soir ou le samedi, au volontariat quasi obligatoire, surtout pour les nombreux travailleurs intérimaires présents sur la ligne.

Mais, pour ce qui est des turbos, la rupture est due à une grève chez un fournisseur, Honeywell. Les travailleurs de l’usine d’Atessa en Italie ont arrêté le travail, suite à l’annonce par leur patron de la délocalisation de la production en Slovaquie dans deux ans. Et, depuis plus de cinq semaines, plus rien ne sort de cette usine. Honeywell fait maintenant produire des turbos dans une autre de ses usines, au Japon. Des équipes de douze heures, sept jours sur sept, et des turbos expédiés en France par avion : rien n’est apparemment trop cher pour tenter de diminuer l’impact de la grève des ouvriers italiens.

Malgré cela, à Vénissieux, des moteurs ont été montés sans leur turbo. Et à Blainville, ils ont été montés incomplets sur des camions, ce qui impose ensuite trois heures de travail supplémentaires en retouche. Certains camions ont même été montés sans moteur, ce qui nécessite dix heures de retouche. Les camions incomplets s’accumulent sur les parkings.

La direction de Vénissieux a finalement décidé de fermer la ligne de montage de ces moteurs et de laisser les travailleurs à la maison pendant trois jours. Mais, plutôt que de les mettre au chômage partiel, elle a invoqué un cas de force majeure et a décidé de les obliger à récupérer. Elle présente cette mesure comme un avantage pour les salariés, qui ont été rémunérés alors qu’ils ne travaillaient pas. Mais ce n’est pas l’avis d’une grande partie d’entre eux, car la direction veut les obliger à venir récupérer sur des vendredis qui normalement n’étaient pas travaillés. 74 salariés du secteur sur 80 ont signé une pétition et, devant cette quasi-unanimité, la direction a annoncé qu’elle offrait une journée sur les trois jours de récupération. Il n’y en aura donc plus que deux à récupérer, mais les travailleurs du secteur sont décidés à faire encore reculer la direction.

Tout en étant solidaires de la lutte des travailleurs d’Honeywell pour défendre leurs emplois, les travailleurs de MDEP ont montré à la direction de Renault qu’ils n’acceptaient pas de faire les frais de ses problèmes d’approvisionnement.

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