- Accueil
- Lutte ouvrière n°2570
- Mediator : la scandaleuse attitude de Servier
Leur société
Mediator : la scandaleuse attitude de Servier
À l’issue d’une procédure de six ans, les responsabilités du laboratoire Servier dans le scandale de son médicament le Mediator ont été confirmées par la décision de la justice de renvoyer ce laboratoire et ses principaux dirigeants devant un tribunal correctionnel pour « tromperie aggravée avec mise en danger de l’homme, escroquerie, trafic d’influence, prise illégale d’intérêts, homicides et blessures involontaires ».
Pour en arriver là, il avait fallu passer outre toutes les tentatives de Servier et de son armée d’avocats pour échapper à ses responsabilités. En effet, alors que le Mediator était prescrit comme un médicament coupe-faim, il était dans le même temps interdit dans d’autres pays pour ses effets secondaires dramatiques, notamment au niveau du cœur et des valves cardiaques. Le bilan terrible s’élève rien qu’en France à près de 2 000 décès liés à la prise de Mediator.
Mais Servier ne s’est pas contenté de chercher par tous les moyens à cacher ses responsabilités, il a aussi mené une véritable guerre de tranchées pour réduire les indemnisations de ses victimes. Pour le moment, c’est l’État, par l’intermédiaire de l’Oniam (Office national d’indemnisation des accidents médicaux), qui indemnise les malades avant de demander à Servier le remboursement des indemnités. Mais Servier bataille pour ne pas rembourser l’Oniam. Ainsi, dans le cas de deux malades indemnisés 450 000 euros en janvier 2017, Servier prétend ne reverser que 27 000 euros en se fondant sur deux expertises judiciaires. Devant les protestations de l’Oniam, Servier a finalement proposé de payer 50 000 euros. Le 29 septembre, l’État l’a assigné en justice pour l’obliger à régler l’intégralité de la somme. C’est une première mais rien ne dit que Servier n’arrivera pas à faire traîner encore les choses.
Alors que sa responsabilité est avérée, Servier ne recule devant rien pour indemniser le moins possible et le plus tard possible ses victimes.