Fin de l’état d’urgence : régime d’exception permanent ?01/11/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/11/2570.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fin de l’état d’urgence : régime d’exception permanent ?

« Nous ne pouvons vivre en permanence dans un régime d’exception », promettait il y a un an le candidat Macron à propos de l’état d’urgence, instauré en novembre 2015 après les attentats de Paris.

C’était le temps d’une campagne, quand le candidat promettait la sortie de l’état d’urgence, faisant mine de comprendre ceux, dans l’électorat, qui ne voulaient pas « enfermer a priori dans le soupçon des pans entiers de la population française, en réponse à la propagande d’une minorité et aux crimes d’un petit nombre ». Car il existe déjà bel et bien, rassurait-il, « tout l’appareil législatif permettant de répondre, dans la durée, à la situation qui est la nôtre ».

Un an plus tard, Macron élu, l’état d’urgence a vécu, a annoncé le président depuis l’Élysée. Le 1er novembre, le voilà remplacé par la loi antiterroriste votée quatre semaines plus tôt. Il n’y aura pas besoin, selon le discours présidentiel, de le prolonger pour la septième fois en deux ans. En effet. Les mesures d’exception qu’il permettait vont devenir la norme. Assignations à résidence sans qu’il soit besoin de recourir à la justice, perquisitions administratives décidées par un préfet, contrôle des personnes et extension des périmètres de contrôle des zones frontalières aux gares, ports et aéroports, et ce dans un rayon de dix kilomètres : l’arsenal est bien là.

Encadrer, dissuader ou arrêter des manifestants contre la loi El Khomri, déployer des cohortes de policiers ou de gendarmes dans la vallée de la Roya pour y traquer des migrants – plus de 60 000 personnes en quête de protection ont été en 2016 refoulées à la frontière franco-italienne, selon la Cimade – c’était déjà possible pour l’appareil d’État. Ce sera renforcé. Exercer des contrôles discriminatoires au faciès ou à l’allure, cela l’était aussi, et cela sera encore plus banalisé.

Avec la loi antiterroriste de Macron, la promesse du candidat En marche, suffisamment floue, est tenue par le président des patrons, sans qu’il la tienne, tout en la tenant.

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