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Leur société
Bitcoin : monnaie virtuelle, danger réel
Depuis 2009, un réseau d’utilisateurs d’Internet a mis sur pied une monnaie particulière, dite bitcoin, utilisée pour échanger biens et services sans passer par les banques ni les États.
Cette monnaie virtuelle ne permet absolument pas d’acheter sa baguette mais a pourtant rencontré un certain succès. Il y a sur la planète suffisamment d’obsédés du monde virtuel et du profit pour engendrer un marché du bitcoin. Cette monnaie informatique s’est particulièrement développée en Chine, où elle a permis de contourner la législation sur les mouvements de capitaux.
Le phénomène s’est étendu jusqu’à représenter, virtuellement, 75 milliards de dollars d’en-cours et à entraîner la création d’autres monnaies virtuelles. Le total est infime par rapport à la circulation générale de monnaie, mais devient suffisant pour commencer à intéresser des capitalistes. La FNAC, qui se veut à la pointe de la technologie, envisagerait de proposer quelques paiements en bitcoins. À Dubaï, paradis des spéculateurs, on peut déjà acheter un appartement en bitcoins. Tout cela n’est cependant que roupie de sansonnet, car arrive désormais l’étape suivante, l’entrée des grandes banques sur ce marché.
Goldman Sachs, la plus puissante des banques d’affaires, responsable et bénéficiaire de la crise des subprimes et de tant d’autres vols manifestes, serait prête à se lancer dans l’affaire. Mais Jamie Dimon, président de la banque concurrente et tout aussi prédatrice JP Morgan Chase, prévient : « On ne peut avoir un système où des gens créent une monnaie avec du vent et penser que les gens qui l’achètent sont vraiment malins. » Et de conclure que le bitcoin est une fumisterie qui ne manquera pas d’exploser, ruinant les gogos qui se seront laissé entraîner.
C’est bien en effet ce qui risque de se passer. Le bitcoin est encore plus du vent que le bulbe de tulipe, objet de la première spéculation de l’histoire, à Amsterdam en 1637, et l’est autant que les prêts hypothécaires à risque, objets de la dernière, aux États-Unis en 2008. Tant que l’effet d’entraînement, l’appât du gain, l’entrée sur le marché de spéculateurs toujours plus nombreux apportant des capitaux frais fera monter le cours du bitcoin, tout ira bien. Jusqu’au jour où la confiance s’effondrera, où chacun exigera d’être payé en dollars américain et où les détenteurs de bitcoins dévalorisés, incapables d’honorer leurs dettes, seront en faillite. Les grandes banques, elles, après avoir empoché leurs commissions, seront épargnées.
La bourgeoisie n’a rien appris de l’histoire de la Bourse et de la spéculation depuis le 17e siècle. Le progrès technique, loin de mettre un frein à son avidité, la décuple, quitte à mettre en danger l’économie mondiale pour quelques dollars de plus. La seule chose étonnante est que Morgan Chase refuse d’en être, pour l’instant...