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- Lutte ouvrière n°2563
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Leur société
À la discrétion des patrons
Il n’y a aucun doute sur la validation par le Conseil des ministres, le 22 septembre prochain, du projet d’ordonnances antiouvrières rédigé par l’équipe de Macron. Mais, dans près de 200 manifestations à travers le pays, des centaines de milliers de travailleurs, chômeurs, retraités, salariés du public comme du privé ont fait connaître leur refus du « toute licence aux patrons » que constitue cet attirail législatif régressif.
La précipitation mise en œuvre pour satisfaire quelques milliers de bourgeois, capitalistes, actionnaires, financiers, ne cherche même plus, comme en temps de campagne électorale, à se dissimuler derrière les prétextes de faciliter l’embauche ou de volet social. Non : la loi travail version Macron-Philippe est, de A à Z, un arsenal permettant d’aggraver l’exploitation du monde du travail, par la précarisation accrue des uns et la toute-puissance octroyée aux autres.
Avec la primauté des accords d’entreprise fort justement nommés offensifs, moins favorables que les accords de branche ou les conventions collectives, les salariés pourraient se voir imposer une baisse des salaires, une diminution du nombre de RTT ou de la rémunération des heures supplémentaires. Le patron pourrait, sous prétexte de circonstances exceptionnelles qu’il lui reviendrait de définir, obliger certains salariés à travailler jusqu’à 60 heures hebdomadaires. Refuser ces dégradations des conditions de travail, refuser une mobilité forcée, pourrait être un motif de licenciement pour cause réelle et sérieuse.
Les suppressions de personnel réalisées sous prétexte de baisse de commandes ou de chiffre d’affaires seraient simplifiées pour le chef d’entreprise qui, en particulier, ne serait plus tenu d’apprécier les difficultés économiques invoquées à l’échelle du groupe, mais seulement à celle du périmètre hexagonal. Des ruptures conventionnelles collectives pourraient être prévues, sans proposer de congé de reclassement, avec retour direct à la case Pôle emploi.
Foin du mythe de la flexisécurité cher à Macron ! La flexibilité selon les besoins de fonctionnement de l’entreprise, autrement dit de la course au profit, serait au rendez-vous, mais pas la sécurité de l’emploi, et pas même l’emploi tout court. Quant à la sécurité, on s’en éloigne toujours plus. Les conditions des CDD (durée, nombre de renouvellements, délai de carence) ne seraient plus définies par la loi, supprimant un cadre légal qui, même souvent méprisé par les employeurs, permet encore aux travailleurs de se défendre. La mise en place des contrats de chantier, ou de mission, revendiquée par le Medef depuis deux ans, ferait que les emplois et les salaires versés dépendraient de la durée de l’opération. Les TPE et PME bénéficieraient, pour licencier commodément, d’un droit à l’erreur non pénalisante : peu importe par exemple s’ils omettent de mentionner le motif du licenciement, ils rectifieront ultérieurement, sans que le travailleur mis à la porte puisse en appeler aux prud’hommes. Autant dire que, pour des travailleurs soumis à de telles lois, obtenir un crédit immobilier ou une location deviendrait encore plus difficile.
Quand on ajoute que même la visite d’embauche réalisée par un médecin passerait aux oubliettes, on mesure la dimension de l’attaque macro-patronale, du retour en arrière qui se prépare, dans le seul but de doper les bénéfices des entreprises et la santé des dividendes. Les milliers de manifestants du 12 septembre ont montré qu’ils ne l’acceptaient pas.