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- Lutte ouvrière n°2559
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Editorial
Trump et la Corée du Nord : c’est la folie du monde impérialiste qu’il faut combattre
Depuis plusieurs semaines, on assiste à une escalade verbale entre le président américain et Kim Jong-un, le dirigeant de la Corée du Nord. Après que Trump a menacé de déchaîner le « feu et la fureur » sur ce pays de 25 millions d’habitants, évoquant même la possibilité de faire usage de l’arme nucléaire, Kim Jong-un a annoncé son intention de frapper l’île de Guam, possession américaine dans le Pacifique où sont installées des bases militaires.
Trump est coutumier de ce type de déclarations. Quant aux dirigeants de la Corée du Nord, la démagogie nationaliste antiaméricaine leur a toujours servi à justifier leur dictature.
Mais, au-delà des fanfaronnades de son président actuel, il y a la politique de l’impérialisme américain qui ne tolère pas qu’un État lui tienne tête. Et c’est bien ce qui est reproché au régime nord-coréen depuis sa naissance au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. De 1950 à 1953, les États-Unis ont mené en Corée une guerre qui a fait plusieurs millions de morts. Dans les années qui ont suivi, la Corée du Nord a été soumise à un embargo qui dure encore aujourd’hui. Chaque année, à la même époque, l’armée américaine, aux côtés de celle de la Corée du Sud, se livre à des manœuvres militaires ouvertement dirigées contre l’État nord-coréen.
Pour le moment, les gesticulations de Trump et du dirigeant coréen s’apparentent à une partie de poker menteur où ni les uns ni les autres ne souhaitent réellement entrer en guerre. Mais il y a quand même des raisons de s’inquiéter de ce bruit de bottes persistant parce que, en multipliant les foyers de tension, du Moyen-Orient à cette région de l’Asie, l’impérialisme a transformé le monde en une véritable poudrière.
Dans le passé, en août 1945, c’est la volonté d’affirmer la suprématie des États-Unis sur le monde qui a amené les dirigeants américains à lancer deux bombes atomiques sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki. Plus récemment, en 2003, pour renverser le dictateur irakien Saddam Hussein qu’ils jugeaient trop indocile, ils se sont lancés dans une aventure militaire qui a plongé l’ensemble du Moyen-Orient dans le chaos et la guerre. « Le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage », écrivait le dirigeant socialiste Jaurès à la veille de la Première Guerre mondiale. Eh bien, rien n’a changé sur le fond : ce sont toujours les rivalités entre grandes puissances, la recherche du profit par la minorité privilégiée qui domine la société, qui plongent aujourd’hui bien des peuples de la planète dans des guerres barbares.
En voyant les villes détruites de Mossoul en Irak ou d’Alep en Syrie, ou le Yémen dont la population meurt du choléra, conséquence d’une guerre qui dure depuis des années, comment ne pas parler de barbarie ? La barbarie du monde impérialiste, ce sont aussi ces femmes et ces hommes fuyant la misère et les guerres, tentant de franchir la Méditerranée sur des embarcations qui menacent de chavirer à tout instant, alors que les frontières des États européens se hérissent de barbelés pour les refouler.
Ici même, en France, la population ne meurt pas sous les bombes. Mais la bourgeoisie mène aux travailleurs et aux classes populaires une guerre d’un autre type. À coup de plans de licenciements, en imposant des plans d’économies aux dépens de la protection sociale, aux dépens des systèmes de retraite et de santé, la bourgeoisie et les gouvernements à son service condamnent des millions de femmes et d’hommes à l’insécurité sociale, à la pauvreté, voire à la misère.
Alors, oui, il y a bien toutes les raisons de s’inquiéter de la folie de ce monde impérialiste incapable de sortir de la crise, engendrant toujours plus de misère et de guerres. Ici, en France, l’actualité est de défendre nos conditions d’existence en refusant les reculs sociaux que le gouvernement projette d’imposer. Mais on ne pourra en finir avec la guerre, le chômage et la misère qu’en renversant le capitalisme. Il est essentiel qu’il y ait des femmes et des hommes pour défendre autour d’eux, dans les entreprises et dans les quartiers populaires, la nécessité pour les travailleurs de mener le combat pour exproprier la grande bourgeoisie et pouvoir ainsi mettre les richesses et les principaux moyens de production au service de la collectivité.