Burkina Faso : les interventions françaises alimentent le terrorisme16/08/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/08/2559.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Burkina Faso : les interventions françaises alimentent le terrorisme

Un attentat terroriste a eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi dans un café-restaurant du centre-ville d’Ouagadougou. Le bilan est d’au moins 18 morts et 22 blessés. Les deux assaillants ont été tués par les forces spéciales de l’armée burkinabé. L’attentat n’a pas été revendiqué, mais il ressemble à celui perpétré en janvier 2016 également à Ouagadougou par al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

Cet attentat est médiatisé en France parce qu’il a eu lieu dans la capitale, dans un lieu fréquenté par des Occidentaux et qu’une des victimes est française. Il est révélateur de la situation au Burkina Faso.

Depuis deux ans, les attaques terroristes se multiplient, principalement dans le nord du pays près de la frontière du Mali. Ces opérations terroristes sont menées entre autres par Ansaroual Islam, un groupe terroriste burkinabé, qui s’est fait connaître lors de l’attaque d’un poste de sécurité en décembre 2016, où douze militaires avaient été tués.

Toute la population est visée. Par exemple, les djihadistes menacent les enseignants pour imposer l’étude du Coran et l’interdiction d’enseigner le français. Le 3 mars dernier, le meurtre d’un directeur d’école a provoqué la fuite des 1 677 enseignants de la province de Soum et donc la fermeture de toutes les écoles.

La situation au Burkina Faso est bien évidemment liée au développement de groupes djihadistes favorisé par l’intervention française en Libye et la chute de Kadhafi. Le déclenchement par la France de l’opération Serval en 2013, devenue l’opération Barkhane en août 2014 en s’élargissant au Niger, au Burkina Faso, au Tchad et à la Mauritanie, était censée « apporter la paix et protéger la population du terrorisme ». L’opération a eu, comme on pouvait s’y attendre, l’effet inverse.

En fait, les gouvernements français n’ont jamais cessé d’intervenir dans la région. Le Burkina Faso a été une colonie française de 1895 à 1960. Devenu indépendant, il a eu successivement à sa tête des régimes militaires ou civils le plus souvent très proches de la France. Thomas Sankara, qui tenta de desserrer l’étau de l’impérialisme en 1983, fut assassiné en 1987 par son second Blaise Compaoré. Ce dernier eut le soutien de la France, jusqu’à ce que la population se révolte contre son régime en 2014, mais son clan resta au pouvoir avec l’aval de la France, qui se chargea d’ailleurs d’exfiltrer Blaise Compaoré et une partie de ses ministres vers la Côte d’Ivoire.

Le Burkina Faso est un des pays les plus pauvres d’Afrique, mais il possède des mines d’or et exporte du coton. Cela, outre sa position géographique, fait que l’impérialisme français tient à conserver la haute main sur ses affaires.

Le pays aurait été protégé jusqu’en 2015 des attaques djihadistes par un accord tacite entre Blaise Compaoré et ceux-ci. Le dictateur, par ailleurs allié de la France, permettait aux chefs de bande d’avoir des bases au Burkina, moyennant quoi le pays était épargné par les attentats. Ces accords devenus caducs, les attentats terroristes frappent donc désormais le Burkina comme les pays voisins.

L’existence de ces mafias djihadistes ou simplement criminelles est l’un des fruits pourris laissés par l’impérialisme.

La France est la plus mal placée pour parler de protéger la population burkinabé contre le terrorisme. C’est, au contraire, l’armée française qui peut revendiquer le titre de plus ancienne, plus puissante et plus meurtrière bande terroriste sévissant dans cette région d’Afrique.

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