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Procès des Charbonnages : les mineurs déboutés ne lâchent pas l’affaire
755 mineurs de charbon de Lorraine, soutenus par la CFDT, avaient fait condamner Charbonnages de France (CDF) pour préjudice d’anxiété en juin 2016. Ils avaient fait appel, estimant que l’indemnisation accordée, 1 000 euros, était dérisoire. Vendredi 7 juillet, la cour d’appel de Metz les a déboutés de toutes leurs demandes et a donné raison à la direction. Les mineurs ont décidé de se pourvoir en cassation et si besoin de saisir la Cour européenne de justice.
Ce jugement est révoltant. Les mineurs ont été exposés toute leur vie durant à un cocktail de substances cancérogènes : ils ont dénombré pas moins d’une vingtaine de substances cancérogènes, utilisées dans les mines. Cela, en plus de la poussière de charbon provoquant la silicose, dont bien des mineurs ont été victimes avant 40 ans.
Depuis le début de la procédure, lancée en 2013, vingt-cinq de ces mineurs sont morts de maladies liées à leur travail.
Cité par le Républicain lorrain, François Dosso, de la cellule maladie professionnelle de la CFDT à Freyming-Merlebach, s’est indigné de cette décision scandaleuse : « Nous avons apporté la preuve que l’espérance de vie est amputée pour les anciens de la mine, exposés à tout un tas de produits cancérogènes. Les morts prématurées, c’est une réalité chez nous. »
Dans le même journal, un mineur de Merlebach confirme qu’il formera un pourvoi en cassation : « Je n’ai rien à perdre. On ne le fait pas pour l’argent mais pour le principe. Nous voulons que la société reconnaisse clairement notre intoxication à des produits nocifs pour la santé. Si vous êtes allé au fond de la mine et que vous avez vu les gars dans les poussières et les vapeurs, cela apparaît comme une évidence. »
Le cynisme de la direction face aux mineurs est sans borne. Lors du premier procès en 2015, l’ancien patron des Charbonnages, Daniel Cadoux, avait déclaré : « Les mineurs ne meurent pas plus vite que les autres ouvriers. Ils meurent parce que ce sont des hommes et que l’homme est mortel. »
Puis, fin mars 2016, devant le juge départiteur, il avait récidivé : « Pourquoi le pays devrait-il donner 30 000 euros à cette minorité de mineurs qui se déclarent anxieux ? Anxieux, on l’est tous. Ils n’ont aucune preuve de ce qu’ils avancent. Ils racontent, au final, n’importe quoi. » Autant dire que cela avait soulevé un sacré tollé dans la salle d’audience !
Les mines de charbon sont fermées depuis plus de dix ans. Mais elles tuent toujours dans une région aujourd’hui dévastée par le chômage. Les mineurs qui ont porté plainte « ne veulent pas se cacher pour mourir », affirme François Dosso. Ils veulent faire reconnaître leurs droits et la responsabilité des patrons des mines.