Filiales d’Air France – Roissy : dans la jungle capitaliste23/05/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/05/2547.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Filiales d’Air France – Roissy : dans la jungle capitaliste

La société de transport aérien Air France, qui occupe le dixième rang mondial, s’est étoffée depuis de nombreuses années d’une myriade de filiales organisées en cascade.

Air France a ainsi créé Servair, qui s’occupe de fournir les plateaux-repas à bord des avions, qui a elle-même créé Acna, pour le nettoyage des avions, et Passerelle Cdg, s’occupant de la prise en charge et de l’accompagnement des personnes handicapées et à mobilité réduite dans les aéroports. Il est évident qu’Air France cherchait ainsi à proposer les meilleures prestations à ses clients, à moins que ce gigantesque trust n’étende sa toile afin de mieux contrôler tous les aspects touchant au transport aérien. Bienvenue dans la World Company !

Tout comme les travailleurs employés directement par Air France, les salariés de ces filiales subissent une aggravation de leurs conditions de travail. Sur le site de Servair-1, à Roissy CDG, le nombre de plateaux-repas préparés reste quasiment inchangé depuis vingt ans, alors que les effectifs sont passés de 2 500 à 1 300 sur la même période. Il a fallu pour cela augmenter les cadences dans tous les services et accroître sans cesse la pression sur les travailleurs : à la laverie, qui nettoie le matériel revenant des avions, comme à la préparation des plateaux-repas à livrer ou à bord des trolleys qui approvisionnent les avions.

Mais, en plus de cela, le système de filiales permet à Air France de se séparer de ces diverses branches en fonction de ses intérêts financiers. Ainsi la société mère a fait le choix de vendre une grande partie de Servair. Du même coup, les travailleurs ont appris qu’ils n’auraient plus droit aux billets d’avions gratuité partielle fournis par Air France. Les employés de Servair, Acna et Passerelle avaient droit à quatre billets d’avion avec une réduction pouvant s’élever à 700 euros pour un billet coûtant 1 000 euros ; cela représente 2 800 euros de perte par an pour chacun des travailleurs. Beaucoup à Servair notent qu’ils sont des travailleurs immigrés payés à des salaires de misère, mais qu’ils pouvaient profiter de ces billets pour retourner voir la famille.

Les travailleurs de Servair et de Passerelle ont relevé la tête en se mobilisant une première fois le mardi 2 mai. Plusieurs centaines de travailleurs ont fait grève et un rassemblement devant le siège a été organisé. Une nouvelle journée de mobilisation est prévue le vendredi 2 juin afin de contester la suppression de ces billets avec réduction. Les cadres d’Air France peuvent garder leur chemise : tout ce que veulent les employés de Servair et compagnie c’est pouvoir partir en vacances sans souci. Obtenir qu’Air France paye pour cela ne serait franchement pas de trop.

Certains employés craignent qu’Air France, après s’être séparé définitivement de Servair et de ses filiales d’ici quelques années, cherche à négocier des prix de production encore plus bas en se tournant vers une société concurrente de son ancienne filiale, comme Newrest. À l’aggravation des conditions de travail succéderaient les plans de licenciements.

L’organisation d’Air France et de ses filiales, harmonieusement structurées, chacune s’occupant d’un secteur particulier, cache en réalité l’organisation méthodique de l’exploitation dans chacune de ces entités. Servair est installé en Europe, en Afrique, en Amérique et en Asie ; la société emploie à Roissy même des travailleurs sur tous les continents, qui sont ainsi le jouet des calculs des compagnies.

Il y a quelques années, le slogan d’Air France était : « Demandez-nous le monde ». Visiblement, il préfère se servir le premier.

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