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Politique
Gouvernement Macron : changement de pâture réjouit les veaux
En nommant à Matignon Édouard Philippe, député maire LR du Havre, ex-porte-parole de Juppé lors de la primaire de la droite, Macron a poursuivi son opération politique. Après avoir fait exploser le PS, bien miné il est vrai par cinq ans d’exercice du pouvoir, le nouveau président tente la même opération à droite.
Le Premier ministre à peine arrivé à Matignon, 25 responsables de droite signaient une pétition lui souhaitant bonne chance et offrant leurs services. Ils espéraient ne pas être oubliés dans la distribution des maroquins ministériels.
Mais il y a tous les autres, les centaines de députés, sénateurs, maires et autres élus, les milliers voire les dizaines de milliers de ceux qui émargent à l’appareil politique de la droite. Bernard Accoyer, un des responsables de LR, a voulu les rassurer en affirmant que « la droite tient ». Baroin, leur chef de file pour les législatives, a minimisé, parlant d’aventure personnelle à propos de Philippe. Et de dire que cela ne changera rien pour les élections législatives. Et en effet, au moins jusqu’au deuxième tour de ces élections, le 18 juin, la droite doit faire figure d’opposition, donner à son électorat une raison de voter pour elle, tenter de ne pas disparaître, de garder un nombre suffisant de députés pour pouvoir exister. Mais c’est bien difficile.
LR n’avait jusque-là qu’un seul argument : Macron est le successeur de Hollande. La droite en voyait la preuve dans le nombre de caciques PS que le président s’apprêtait à recycler. En nommant un politicien de droite à Matignon, le nouveau président lui a enlevé son principal argument de campagne, car LR n’a en fait rien à lui reprocher.
Sur le fond en effet, Macron va mener la politique propatronale proposée par Fillon ou Juppé. Le Medef ne s’y trompe pas, qui tresse des couronnes au nouveau président. La droite ne peut pas s’opposer, même au nom de sa survie politique, aux mesures voulues par la grande bourgeoisie.
Sur la forme, sur ce replâtrage orchestré par Macron, les ténors de LR font également preuve d’une grande retenue. Responsables devant le grand patronat, ils laissent se dérouler la tentative de stabilisation politique par l’obtention d’une majorité parlementaire viable autour du président. On observe chez eux la même palette d’attitudes que chez les ténors du PS non encore ralliés à Macron : la mollesse de l’opposition d’aujourd’hui prépare le ralliement de demain.
L’opération Macron, consistant à reconfigurer une force politique capable de faire accepter les sacrifices aux travailleurs, après que le PS et LR se sont usés à la tâche, est loin d’être gagnée. Il n’est pas si simple de concasser des appareils politiques anciens et nombreux et de recycler leurs membres. Il n’est pas facile non plus d’en construire un nouveau qui ait quelque stabilité.
Quant à croire qu’on peut endormir toujours les travailleurs, d’autres et de plus malins que Macron s’y sont cassé les dents !