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- Lutte ouvrière n°2544
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Leur société
Le FN et l’euro : franc comme un âne qui recule
Depuis des années, Le Pen fait campagne contre l’Union européenne et contre l’euro. Le FN s’appuie bien sûr sur les préjugés nationalistes les plus communs. Mais il profite aussi de l’idée largement répandue dans les classes populaires que l’euro serait responsable de la dégradation de la situation sociale. Pour tous les démagogues, faire campagne contre l’euro et l’Europe a l’énorme avantage de masquer les responsabilités des capitalistes français en matière de régression sociale.
Mais, persuadée de s’approcher du pouvoir, la candidate du FN se trouve désormais obligée de répondre aux questions : comment faites-vous pour sortir de l’euro et que se passera-t-il après ? Or, si elle peut toujours mentir aux petites gens et ne pas répondre aux journalistes, il lui faut garantir aux grandes entreprises, aux grandes fortunes qu’elles ne seront pas lésées. La démagogue veut démontrer aux vrais maîtres du pays que, quel que soit son langage à l’usage des électeurs, elle ne touchera pas un cheveu de leur tête, ni un centime de leurs rentes. Les grandes entreprises ont besoin de stabilité financière, c’est pour elles que l’euro a été mis en place et, aujourd’hui, elles tiennent à le conserver. D’où le spectaculaire changement de pied de Le Pen sur l’euro.
Elle propose désormais de prendre son temps, d’attendre que les autres pays aient voté, de renégocier, etc. Le son de cloche peut être légèrement différent selon le moment de la journée et le lepéniste interrogé. Mais le fond reste le même. Le Pen assure que rien ne changera pour les grandes entreprises qui travaillent en euros, même pas la monnaie. Elle garantit que les fortunes ne seront pas touchées. Quant au monde ouvrier, qu’il ait on non voté pour elle, il pourra toucher son salaire, sa pension ou son chômage en monnaie de singe. On n’aura pas de quoi payer son gîte et son couvert, mais au moins on sera misérable en francs !
Ce que propose Le Pen a existé et existe aujourd’hui de fait dans de nombreux pays où les capitalistes font leurs affaires en dollars américains pendant que la population se serre la ceinture en monnaie locale. Un tel système, l’euro pour les capitalistes, le franc pour la population, transformerait en un clin d’œil le pays en paradis des spéculateurs. Et l’on voit que si le financier Macron n’est pas une protection contre Le Pen, la nationaliste Le Pen ne protège en rien contre la finance…