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- Lutte ouvrière n°2543
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Dans les entreprises
La Redoute – Roubaix et Wattrelos : non à l’augmentation du temps de travail !
À La Redoute, les nouveaux patrons, les cadres dirigeants choisis par Pinault pour reprendre l’entreprise (pour un euro symbolique) lors du plan de licenciements de 2014, sont ces dernières semaines les chouchous de la presse économique.
Il paraît qu’on aurait là des génies du e-commerce. La renaissance de La Redoute est claironnée, les salariés seraient enfin heureux d’être sortis du cauchemar. Cette fable les fait beaucoup rire, tant la pagaille règne dans tous les secteurs des sites de Roubaix et Wattrelos.
Là où les nouveaux dirigeants cherchent surtout à être performants, c’est pour augmenter le travail en payant moins. Au siège à Roubaix, le temps de travail n’est plus pris en compte à la porte de l’entreprise, mais quand le salarié se logue sur son ordinateur. Certains open-spaces rendent le travail, dans le brouhaha permanent, très fatigant. Les pressions sur les anciens pour qu’ils partent s’accentuent, pendant que la direction prend des jeunes en contrat d’alternance, sous-payés, pour les envoyer à Pôle emploi à la fin de leur contrat.
À Wattrelos, au Quai 30, le nouveau nom de l’usine moderne d’expédition des commandes, 550 salariés travaillent sept jours sur sept en équipes de matin et après-midi, en semaine et le week-end. L’entreprise est robotisée à l’extrême. Les chefs tentent de surveiller les moindres faits et gestes des collègues. Même pour aller aux toilettes, ce sont eux qui distribuent parcimonieusement quelques badges.
La pause de 20 minutes n’arrive qu’après quatre heures d’un travail pénible et répétitif, et la direction essaie de la rogner. Le temps de trajet pour se rendre en salle de pause est compris dans les 20 minutes mais, selon l’atelier où l’on travaille, cela prend entre deux et cinq minutes. Alors, dans toutes les équipes, une majorité de salariés ont décidé de rester 20 minutes complètes dans la salle de pause et de repartir ensemble.
Malgré les pressions des chefs, le mouvement de protestation a duré et, sur la fiche de paie du mois de mars, les minutes ont été retenues à ceux qui prenaient ces 20 minutes effectives de repos. Une déléguée a été convoquée vendredi 31 mars à un entretien préalable à sanction disciplinaire, pour avoir tenu face aux pressions avec ses collègues de travail. La réaction a alors été forte. Sur les quatre équipes, 140 travailleurs ont débrayé pendant plus d’une heure pour riposter, comme si tous avaient été convoqués pour sanction. Les chefs sont alors devenus beaucoup moins arrogants.
Dans ce climat, la direction a fait un autre essai, cette fois pour voler des jours fériés. Elle voulait faire travailler obligatoirement le lundi de Pâques et le 8 mai. Ceux qui avaient inclus un jour férié dans un congé ont aussi appris qu’il ne serait plus compté comme tel, ce qui revenait à le perdre. Mal en a pris à la direction, car l’équipe du matin puis celle d’après-midi ont à nouveau débrayé à une centaine au total. Le directeur de la production, blanc comme un linge, a bafouillé une explication embrouillée, annonçant qu’il ne toucherait pas aux jours fériés du mois de mai.
En juin, manifestement, il faudra remettre ça.