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Leur société
Le FN aux manettes : la guerre aux pauvres
Une petite idée du Front national aux manettes peut être donnée à travers les premières années de gestion municipale dans les communes où un maire de ce parti a été élu en 2014.
À Hénin-Beaumont, Hayange et Mantes-la-Ville, les subventions à plusieurs associations de soutien aux plus pauvres ont été réduites, voire supprimées. Le Secours populaire a particulièrement été visé : à Hayange par exemple, il n’a pu obtenir une salle pour organiser son Noël des enfants pauvres, car jugé trop communiste et promigrants. À Mantes-la-Ville, la Ligue des droits de l’homme a été privée de local et le club de foot FC Mantois, ressenti comme politiquement hostile au maire, a été rayé de la liste des subventions.
Au Pontet ou à Beaucaire, les édiles ont supprimé la gratuité de la cantine scolaire pour les enfants des familles les plus pauvres. À Villers-Cotterêts, les tarifs ont augmenté brutalement de 66 %, au motif qu’une personne qui touche le RSA pouvait venir chercher son enfant à l’heure du déjeuner. Dans la même commune, la CGT et la fédération de parents FCPE ont vu leurs subventions coupées. À Mantes-la-Ville, un centre social a été fermé, ainsi qu’à Beaucaire une maison des associations qui organisait du soutien scolaire.
Des arrêtés antimendicité ont aussi été pris, vilenie dont il est vrai les maires FN n’ont pas l’exclusivité. Pour le logement, le Petit guide pratique de l’élu municipal Front national, préfacé par Briois, maire d’Hénin-Beaumont, préconise une « priorité nationale dans l’accès aux logements sociaux ». Quant aux programmes « Ma commune sans migrants », ils se multiplient, sans même qu’ait été évoquée l’ombre d’une résidence pour réfugiés.
Outre les mesures symboliques antipauvres et antiouvrières prises dans les communes dirigées par des élus FN, le programme de sa candidate annonce de nouvelles attaques. Sans même parler des hausses de prix liées à la taxe de 3 % qu’elle veut imposer aux produits importés, elle a l’intention de s’en prendre à ce qu’elle nomme les arrêts maladie de complaisance, autrement dit aux travailleurs épuisés auxquels le médecin prescrit un peu de repos. Elle propose aussi une aggravation de la loi El Khomri, déjà en elle-même un tissu d’attaques, en élargissant la possibilité de déroger aux 35 heures, avec déclenchement du paiement en heures supplémentaires à 37, 38 ou 39 heures. Elle s’en prend aussi aux travailleurs détachés, et non à ceux qui les exploitent.
À l’inverse, pour les patrons, ce serait Noël toute l’année, par exemple grâce à l’exonération totale de cotisations pendant deux ans pour l’embauche d’un jeune de moins de 21 ans, qui au lieu d’étudier irait se faire exploiter. Le Pen propose aussi de diminuer encore l’impôt sur les sociétés, le portant de 33 à 24 % pour les PME.
Les « promesses tenues » dont se vante le FN dans un de ses slogans seraient clairement celles qui s’attaquent au monde du travail.