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Leur société
Les banques et le FN : comment ne pas perdre de plumes
Saut dans l’inconnu, scénario catastrophe : tels sont les termes utilisés par les commentateurs pour caractériser la situation boursière en cas de victoire de Le Pen à la présidentielle.
Le gouverneur de la Banque de France a évalué à 30 milliards par an le surcoût des intérêts annuels de la dette publique française, au cas où le pays sortirait de l’euro. La banque américaine Citigroup a surenchéri en estimant à 25 % la perte des valeurs boursières françaises si la candidate du Front national l’emportait. Cela entraîne une certaine agitation chez les investisseurs étrangers. Ils souhaitent être rassurés sur les conséquences d’une telle situation… pour leur portefeuille, apaisement que prétend leur avoir procuré le monsieur Économie du FN, après avoir rencontré une quinzaine de fonds d’investissement. « Nous voulons négocier, pas spolier », leur aurait-il déclaré.
De leur côté, les dirigeants des banques françaises font profil bas et minimisent le résultat potentiel de Le Pen, présentant sa victoire au deuxième tour comme mathématiquement possible, mais du même ordre que les chances que la Terre soit frappée par une grosse météorite. C’est que le Cac 40 est florissant, il n’avait pas atteint de tels sommets depuis août 2015, et il ne s’agirait pas d’inquiéter les gros clients qui risqueraient de déplacer leurs capitaux ! Le Figaro-bourse proposait même le 21 mars une page étudiant « les valeurs à jouer selon que Marine le Pen baisse ou monte dans les sondages ». Tout est bon pour faire de l’argent, même une campagne électorale.
Les capitalistes et leurs employés banquiers et traders ont pu respirer, au lendemain du débat de TF1 entre les cinq « grands » candidats, en enregistrant ce qu’ils considèrent comme une contre-performance de Le Pen, jugée pas très convaincante par les sondeurs. Un indice paraît-il fiable en est la baisse de l’écart entre la cote des obligations d’État françaises et allemandes.
S’il ne tenait qu’aux candidats, tout ce beau monde de la finance pourrait dormir sur ses deux oreilles : ceux-ci font usage de démagogie le temps d’une campagne électorale, et la menace de sortie de l’euro en fait partie. Les propositions économiques qu’ils mettront en discussion ensuite sont autre chose, et celles qu’ils appliqueront encore plus. Ni les uns ni les autres n’envisagent de s’attaquer à leurs privilèges.
Alors, si le monde de la finance est inquiet, c’est qu’il est assis sur un volcan. Le fonctionnement chaotique des marchés, les poussées de la spéculation peuvent en permanence le faire couler… si profond qu’aucun de ces candidats ne serait capable de le renflouer.