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Dans les entreprises
Mariage PSA-Opel : la noce n’est pas pour les travailleurs
Toute la presse aux ordres du patronat s’est enthousiasmée du rachat par PSA de l’entreprise automobile Opel, détenue jusque-là par General Motors. Elle s’est fait l’écho de la joie des actionnaires, qui voient dans cette opération financière une nouvelle pompe à dividendes.
PSA a acheté pour 1,3 milliard d’euros les onze usines de montage ou de fabrication de différentes pièces automobiles et le centre de recherche d’Opel et Vauxhall, situés au Royaume-Uni, en Allemagne, en Pologne et en Espagne. Pour cette somme relativement faible, PSA s’est offert une entreprise qui, officiellement, cumule les déficits et les dettes. De plus, chez Opel, les salaires pèsent pour 15 % dans le chiffre d’affaires, contre 10 % dans celui de PSA. C’est donc en réduisant le nombre de travailleurs, en compactant les usines, et peut-être en en fermant plusieurs, que PSA veut faire des bénéfices. Opel a déjà fermé une usine à Bochum en 2014 et licencié 3 000 ouvriers. Mais cela n’a pas suffi à rendre l’entreprise assez compétitive aux yeux des capitalistes.
Pourtant, pour obtenir le soutien public des syndicats allemands, britanniques et français, Carlos Tavares s’est engagé à ne pas fermer d’usine avant 2018. Cette date correspondant aux élections allemandes, il est facile de comprendre que les fermetures auront lieu après. En France ce scénario avait déjà été joué pour la fermeture de l’usine d’Aulnay et l’élection présidentielle de 2012. Ceux qui applaudissent à ce mariage d’argent et promettent des perspectives de travail en plus, pour rassurer les travailleurs, ne cherchent qu’à les abuser et les empêcher de se préparer à se battre. Mais leur discours ne prend pas dans les ateliers.
Les travailleurs de PSA sont bien placés pour savoir à quel point la direction ment. En 2012, les difficultés annoncées par le PDG de l’époque, Philippe Varin, n’avaient aucune réalité. Elles étaient mises en avant pour justifier la fermeture de l’usine d’Aulnay et le licenciement de milliers de salariés. Par la suite, elles ont aussi servi de prétexte à la signature d’accords de compétitivité aboutissant à un gel des salaires, des heures supplémentaires non payées, de fortes réductions d’effectifs et des cadences insupportables. Mais ces difficultés ne relevaient que de manipulations. La valeur des actifs était volontairement minimisée et l’argent prévu pour licencier était provisionné comme des pertes. Le but évident était d’accroître la rentabilité du groupe pour les actionnaires en augmentant l’exploitation. Cela fut réalisé avec les muscles, la sueur des ouvriers et 17 000 suppressions d’emplois en trois ans.
Aujourd’hui, tous les courtisans reprennent en chœur que l’entreprise est « passée de l’enfer au paradis en trois ans ». Les travailleurs surexploités, les licenciés, les intérimaires payés à 1 200 euros, et encore, quand ils ne se font pas voler sur leur fiche de paye, apprécieront cette notion de paradis !
Il y a toutes les raisons pour que les travailleurs se préparent à se défendre. Les attaques ne manqueront pas d’accompagner cette opération financière digne des pires fonds vautours. La direction de PSA dit d’ailleurs assez explicitement qu’elle compte bien augmenter la productivité, et donc éliminer les doublons par exemple. Mais elle aura maille à partir. Car, avec sa soif de profits, PSA vient de constituer un groupe fort de 84 000 travailleurs (48 000 pour PSA et 36 000 pour Opel) dont les intérêts sont identiques face à la rapacité des actionnaires. Leur sort est désormais lié.
Seules leurs luttes communes par-delà les frontières pourront faire reculer leurs ennemis communs.