Les 15 élus européens du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, qui se présente comme antisystème, faisaient jusqu’à présent partie au Parlement de Strasbourg du groupe eurosceptique « Europe de la liberté et de la démocratie directe ». Mais voilà, l’autre poids lourd est le parti britannique Ukip, et c’est justement le succès du discours anti-Europe en Grande-Bretagne et la victoire du Brexit qui annoncent la dislocation prochaine de ce groupe parlementaire et la nécessité de trouver un autre point de chute.

Au Parlement européen, il faut être affilié à un groupe pour pouvoir intervenir dans les sessions plénières, mais aussi pour obtenir des fonds et des moyens. Grillo a donc dû se mettre en quête d’un nouveau groupe parlementaire prêt à accueillir ses 15 « grillons ».

Celui des Verts a repoussé ses avances, car les positions pour le moins confuses, voire clairement xénophobes, de Grillo sur les migrants étaient inacceptables pour lui.

Grillo a donc ensuite courtisé l’Alde, l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe, qui regroupe la plupart des partis de la droite et du centre. L’Alde, dont le dirigeant était encore fustigé quelques mois auparavant comme « l’eurodéputé collectionneur de postes » et dont le Mouvement 5 étoiles dénonçait les positions europhiles, s’est tout à coup transformé en un groupe « dont nous partageons les valeurs de démocratie directe, de transparence et d’honnêteté ».

Hélas, la romance a été tuée dans l’œuf. Grillo a bien réussi à faire avaler la couleuvre à son mouvement : seuls deux de ses députés européens n’ont pas voulu se transformer en partisans convaincus de l’Union européenne après en avoir été de farouches opposants et, lors de la consultation en ligne, une majorité s’est prononcée pour le ralliement à l’Alde. Mais entre-temps, c’est l’Alde qui a reculé et renoncé à l’alliance avec le M5 qui pour elle restait trop éloigné sur « des questions européennes cruciales ».

Commentant cette rebuffade, Grillo a déclaré sans rire : « Toutes les forces se sont liguées contre nous. Nous avons fait trembler le système comme jamais auparavant. » Grillo dénonce à longueur de blog « l’establishment des politiciens ­professionnels », mais loin de le faire trembler, il se montre tout à fait digne de lui.