- Accueil
- Lutte ouvrière n°2529
- Face à tous les politiciens, faire entendre les exigences des travailleurs
Editorial
Face à tous les politiciens, faire entendre les exigences des travailleurs
Les débats de la primaire de la gauche ne sont guère tournés vers les préoccupations des travailleurs, et les sept prétendants incarnent la même politique.
Cinq ont été ministres de Hollande. On pourrait l’ignorer, tant ils essaient de se démarquer du bilan gouvernemental. Comme si c’était un autre parti que le PS qui gouverne depuis 2012 ! Même Valls, qui défend le bilan de Hollande, a le culot d’expliquer qu’il veut abroger l’article 49.3, dont il usa pour faire passer les dispositions antiouvrières des lois Macron et El Khomri.
Pour faire oublier leur bilan désastreux au pouvoir, les candidats essaient de se refaire une virginité auprès de l’électorat de gauche : Hamon avec le revenu universel, Valls avec le revenu décent, Montebourg comme « candidat de la feuille de paye ».
Derrière leur cinéma, tous sont comptables, au même titre que la droite, du recul de la condition ouvrière. Six millions de chômeurs, soit un million de plus qu’en 2012 ; neuf millions de pauvres, soit un million de plus : les classes populaires payent un lourd tribut. En cette période de froid, même l’hébergement d’urgence est débordé, à tel point que la moitié des appelants du 115 n’obtiennent pas de lit pour la nuit, faute de places !
Et il n’y a pas que les sans-abri et les chômeurs dont la condition s’est dégradée. Pour les ouvriers et les employés, la précarité augmente. Et l’histoire de Robert Marchand, le cycliste centenaire qui vit avec 900 euros de retraite, après avoir travaillé de 12 à 89 ans, illustre la condition de millions de retraités, vivant avec des petites pensions.
Pendant ce temps, les entreprises du CAC 40 ont distribué, en 2016, 56 milliards d’euros de dividendes – un record. Il y a en France 71 milliardaires en euros, un autre record. Le premier d’entre eux, Bernard Arnault, possède 39 milliards, deux fois plus qu’il y a cinq ans. Et on pourrait multiplier les exemples. Sanofi, qui fait chaque année des milliards de bénéfices et supprime des emplois, tout en étant gavé d’argent public, touche ces jours-ci le jackpot grâce à l’épidémie de grippe et à la vente de vaccins !
Outre les sept candidats à la primaire, le PS compte aussi deux dissidents, Macron et Mélenchon. Le premier était également ministre jusqu’en août dernier, après avoir été banquier chez Rothschild. À son bilan : l’extension du travail du dimanche, avec ses conséquences sur la vie des salariés concernés, ou encore « l’ubérisation », avec ses chauffeurs de VTC qui gagnent à peine le smic en faisant 70 heures par semaine. Aujourd’hui, Macron n’a pas forcément grand-chose à dire, mais il tente de passer pour nouveau et de ratisser large. Chaque génération produit ce genre d’ambitieux.
Quant à Mélenchon, toujours admirateur de Mitterrand, il fut ministre sous Jospin. Au second tour en 2012, il a soutenu Hollande « sans traîner les pieds », mais surtout sans jamais préparer les travailleurs à se défendre face aux attaques pourtant prévisibles. Avec son slogan, « la France insoumise », il dénonce l’Europe ou l’Allemagne mais rarement les capitalistes bien français, pourtant responsables du chômage. Aujourd’hui, il veut incarner la « vraie gauche », se présente comme le candidat des ouvriers à qui il dit : « Votez pour moi » et je ferai ceci et cela. Balivernes !
La candidate de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, se présente pour faire entendre les exigences vitales du monde du travail face à la crise.
Pour mettre fin au chômage de masse, il faut répartir le travail entre tous, sans perte de salaire. Pour cela, il faut prendre sur les profits. L’interdiction des licenciements et des plans de suppressions d’emplois est indispensable pour arrêter de fabriquer de nouveaux chômeurs.
Pour pouvoir vivre dignement, il faut une augmentation générale des salaires et des pensions d’au moins 300 euros mensuels. Pas un salaire ne devrait être inférieur à 1 800 euros net, et les salaires, les pensions et les allocations devraient être indexés sur le coût de la vie.
Les entreprises mentent sur leurs comptes, leurs projets, leurs produits et leurs bénéfices, aux dépens de leurs salariés et des consommateurs. Alors, il faut lever le secret commercial et bancaire. Il faut que les travailleurs contrôlent les comptes des grandes entreprises qui, comme les banques, exercent une dictature économique sur toute la société et la mènent à la catastrophe.
Les voix qui se porteront sur la candidature de Nathalie Arthaud feront entendre ces exigences et aideront à préparer les luttes de demain.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 16 janvier 2017