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Leur société
Mélenchon : refaire le coup de Hollande ?
Dimanche 8 janvier, Mélenchon est venu à Tourcoing. Après l’éloge de l’écologie et du quinoa, il a ciblé un autre public.
Mélenchon a témoigné sa solidarité à la caissière du magasin Auchan de cette ville, qui a fait une fausse couche parce que sa hiérarchie refusait de la laisser quitter son poste. Ensuite, tout son discours s’est voulu une dénonciation des conditions de travail, de l’exploitation des salariés par les grandes familles capitalistes comme les Mulliez, propriétaires d’Auchan.
Face à Valls qui s’affirme le candidat du travail et du pouvoir d’achat, face à Macron promoteur du travail du dimanche, face à Fillon démolisseur de la Sécurité sociale, face aux socialistes et à leur loi travail, Mélenchon, lui, affirme « témoigner, au nom des six millions d’ouvriers, des sept millions d’employés ».
Aux travailleurs, il promet l’abrogation de la loi El Khomri, du travail du dimanche, le rétablissement des 35 heures, la hausse du smic. Pourtant, pour les 32 heures, il faudra « en discuter pour voir comment ça marche ». Quant à la retraite, elle pourra être prise à 60 ans, mais avec 40 annuités.
Mélenchon attaque la sphère financière, « parasite qui gangrène l’économie du monde », et utilise le terme de révolution, comme Mitterrand, qu’il admire, et qui disait, avant d’être élu, qu’on ne peut être socialiste si on n’est pas révolutionnaire. On a vu ce que recouvrait ce vocabulaire radical !
Mais Mélenchon voit la clé de toute sa révolution citoyenne dans l’élaboration d’une nouvelle Constitution, « pour refonder la France ». En quoi un tel changement dans les institutions, à supposer qu’il soit réalisable, pourrait-il être un obstacle au pouvoir des possédants, qui ne respectent les lois que si elles les servent ? Est-ce à cela qu’il faut se fier pour s’attaquer à la sphère financière ?
Et que signifie refonder la France ? Comme si, sous prétexte qu’ils sont du même pays, les travailleurs et les capitalistes avaient des intérêts communs !
Mélenchon, à juste titre, se dit opposé à l’état quasi permanent d’expéditions militaires auxquelles a participé le gouvernement Hollande mais, quand un journaliste lui a demandé ce qu’il ferait du budget de la Défense, il a répondu : « On verra. » Et il a ajouté que sa position militaire, c’est « l’indépendantisme français ».
Mélenchon se défend d’être un politicien, tout en n’oubliant pas parfois de mettre en avant son expérience en tant que ministre de Jospin. En fait, du politicien professionnel il a la carrière, l’habileté à s’adapter à son public et surtout les propositions. Il faut voter pour lui car, à l’entendre, s’il parvient au gouvernement, il appliquera vraiment le changement. Mais pourquoi devrait-on lui faire plus confiance qu’à Hollande qui avait proclamé « Mon ennemi, c’est la finance » et qui, une fois élu, a passé son quinquennat à la servir ?
Le PCF, qui appelle à voter Mélenchon, ne fait une fois de plus qu’inciter ses militants à soutenir un homme qui, s’il était élu, trahirait toutes leurs aspirations.