Bâtiment : le retour du livret ouvrier11/01/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/01/2528.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bâtiment : le retour du livret ouvrier

Le 4 janvier, le Premier ministre Cazeneuve a présenté le premier exemplaire d’une carte d’identité professionnelle, instaurée, a-t-il prétendu, pour lutter contre le travail illégal dans le bâtiment. En plus d’être exploités par les patrons, les travailleurs de ce secteur se voient donc imposer un contrôle administratif supplémentaire, voire une mesure de flicage.

Depuis des années, les organisations patronales du bâtiment poussent à la mise en place d’une telle mesure, sous prétexte, disent-elles, de lutter contre la concurrence déloyale. Voilà qui ne manque pas de sel, quand on sait que ce sont les patrons, principalement ceux des grands groupes, qui imposent aux entreprises de sous-traitance des contrats au plus bas et contribuent ainsi à développer le travail non déclaré, sous-payé, voire non payé.

Des cartes de ce type ont déjà été expérimentées dans certaines régions. Le gouvernement a décidé de les rendre obligatoires pour les deux millions de travailleurs du secteur du bâtiment. La carte est munie d’un code-barres, qui permet de vérifier en temps réel la régularité de la situation du salarié. Mais, si cette carte donnera de nouveaux moyens de pressions aux employeurs, elle ne les contraindra pas plus qu’avant à déclarer leurs salariés sur les chantiers. Car, pour les patrons, le travail au noir est une source de profits supplémentaires. Et comme le gouvernement n’a pas l’intention de renforcer les moyens de contrôler les entreprises, bien au contraire, cela ne va pas s’améliorer.

En plus, comme le dénonce la CGT, les sanctions prévues sont ridicules, ce qui ne peut qu’inciter les patrons fraudeurs à continuer. Dernièrement, la justice a condamné Bouygues à 25 000 euros d’amende pour n’avoir pas déclaré plus de 450 travailleurs étrangers sur l’EPR de Flamanville, une somme totalement dérisoire pour un tel groupe.

En revanche, cette carte va aggraver la situation des travailleurs étrangers et sans papiers, qui vont se retrouver davantage encore sous la coupe de margoulins et d’escrocs en tout genre. À tous points de vue, sous prétexte de lutte contre le travail au noir, le gouvernement prend une nouvelle mesure antiouvrière.

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