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Leur société
Hébergement d’urgence : une société au cœur froid
Qu’il fasse froid en hiver ne devrait surprendre personne. Et surtout pas ceux qui nous gouvernent, s’il est vrai que gouverner, c’est prévoir. Seulement voilà, ce que les pouvoirs publics ont prévu pour faire face aux besoins de ceux qui n’ont pas de quoi se loger par grand froid ne suffit pas. Et de loin. On le sait, nos gouvernants le savent mais, année après année, la situation reste dramatique.
Ainsi, faute de lieux mis à disposition par les autorités pour héberger ceux qui se retrouvent à la rue, le pôle hébergement et réservation hôtelière du Samu social de Paris (PHRH) doit tourner sur un demi-millier d’hôtels pour loger, chaque jour, plus de 30 000 personnes, dont près de la moitié d’enfants mineurs.
C’est un énorme gâchis, inefficace, qui plus est. Ce recours à l’hôtellerie privée coûte des sommes faramineuses au Samu social financé par l’État et par la ville de Paris. Des hôteliers récupèrent ce pactole en fournissant, parfois, des locaux à la limite de l’insalubrité.
Mais même ainsi, et en élargissant régulièrement son recours à ce type d’hébergement, dix ans après sa création, le PHRH n’y arrive plus. Son numéro d’urgence pour ceux qui sont à la rue, le 115, déjà saturé en temps normal, s’est trouvé plus débordé que jamais avec les températures glaciales de fin décembre-début janvier. Et cela sans avoir les moyens de proposer un hébergement à tous ceux, plus nombreux que d’habitude, qui appellent au secours.
Alors, cet hiver encore, des milliers de travailleurs trop pauvres pour payer un loyer, des chômeurs, des SDF, des jeunes ou des moins jeunes, des hommes, souvent des femmes seules, et même des familles avec enfants, vont continuer à devoir dormir dehors. Et, comme chaque année, il est probable que certains en mourront.
Ce n’est pas la rudesse du climat qui est en cause, mais la façon dont fonctionne cette société, qui jette des travailleurs à la rue, qui écrase les plus démunis, sans s’inquiéter de la façon dont ils survivent.