Chantier naval STX – Saint-Nazaire : les travailleurs sur leurs gardes04/01/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/01/2527.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantier naval STX – Saint-Nazaire : les travailleurs sur leurs gardes

Depuis fin décembre, pas un jour sans que la presse ne se fasse l’écho d’informations sur le rachat de l’entreprise. Aux dernières nouvelles, Fincantieri, principal propriétaire des chantiers navals italiens, serait le mieux placé, voire le seul repreneur sur les rangs.

Ce feuilleton suscite une avalanche de commentaires de la part de prétendus spécialistes qui tentent par ce biais de répandre leurs idées nationalistes et de faire valoir leurs compétences de bons conseillers d’un « capitalisme patriotique » censé protéger les intérêts des travailleurs de la construction navale à Saint-Nazaire.

Tout y passe : des préjugés ouvertement racistes à la valorisation de l’espace maritime français issu de la période coloniale, en passant par l’idéalisation d’un savoir-faire prétendument unique, jusqu’à chanter le rôle « naturellement protecteur » d’un État français qui ne cesse pourtant d’appuyer les attaques des patrons contre les travailleurs. Ça se bouscule devant les micros !

Pourtant, ces dernières décennies, les ex-Chantiers de l’Atlantique ont multiplié les changements de propriétaires et ont connu l’ensemble des configurations qui sont aujourd’hui présentées comme dévastatrices ou salvatrices : consortiums de banques, « investisseurs », « industriels » nationaux, européens ou asiatiques, avec ou sans la participation de l’État français, jusqu’à la nationalisation. Tous ont mené la même politique, sans même avoir à changer de direction locale ! Réduction drastique de l’effectif en fixe passé de 5 000 à 2 500, remise en cause des droits acquis par les luttes ouvrières des périodes antérieures, flexibilisation et surexploitation du travail, précarisation forcenée avec notamment le recours massif au travail détaché, mise en concurrence des uns contre les autres, plans de compétitivité… Autant d’attaques qui n’ont pu être partiellement contenues que par les ripostes, grèves et débrayages des travailleurs eux-mêmes, et rien d’autre !

Alors, dans un contexte de recul généralisé, ce nouvel épisode de rachat suscite une légitime inquiétude chez les travailleurs. Mais nombre d’entre eux savent que le seul « bon patron » est celui dont on se fait craindre. Et nul doute que les occasions de défendre leur gagne-pain ne manqueront pas dans la période à venir, quelles que soient les intentions précises, l’identité et la nationalité du repreneur.

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