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Leur société
William Saurin : il faut le contrôle des comptes
Le décès de Monique Piffaut, unique actionnaire de la société holding Financière Turenne Lafayette, a ouvert un feuilleton financier.
Cette femme possédait 21 sites industriels fabriquant des produits de marques bien connues, comme William Saurin, Madrange etc. Le groupe commercialiserait une tranche de jambon sur trois, et une sur deux en marque distributeur.
Cette héritière d’une chocolaterie, à la tête d’une petite fortune, avait à partir de 1992 constitué cette société à coups de rachats d’entreprises, dont certaines étaient en difficulté. Elle a pu se poser en sauveuse des salariés, en profitant d’aubaines. Elle a acquis William Saurin en 2001. Il était vendu par PAI (Paribas affaires industrielles), un fond d’investissement de Paribas, qui l’avait lui-même acheté deux ans plus tôt à Danone, après un plan social en 1998.
Aujourd’hui, le patron provisoire de William Saurin annonce, suite à un audit, que les comptes étaient truqués pour faire apparaître un chiffre d’affaire supérieur à la réalité.
Affirmant que Monique Piffaut n’aurait qu’embelli les résultats de l’entreprise, l’État a décidé à la vitesse de l’éclair de voler au secours de cette société. Un prêt de 10 millions est débloqué immédiatement, 60 autres millions devraient l’être dans un avenir proche. Les banques créancières de Monique Piffaut seront donc payées. Parmi elles, se trouvent la BNP, LCL et bien d’autres. Les banques auraient fait confiance, tout comme la Caisse des dépôts et consignations qui avait participé au montage financier pour permettre le rachat de William Saurin. Les commissaires aux comptes ont validé les comptes de la société sans rien voir ! Ils concèdent avoir remarqué quelques tensions sur les comptes, et le ministère parle d’une manipulation de quelques pourcentages de chiffre d’affaires. Les soi-disant contrôleurs de l’État et des banques ont tout laissé passer.
Aujourd’hui, les salaires et les fournisseurs ne sont pas payés. Et ce sont les emplois des 3 200 salariés et des 1 500 intérimaires ou sous-traitants qui sont menacés, alors que la fortune personnelle de feu Monique Piffaut s’élève à 380 millions d’euros.
Comme toujours, l’État choisit de payer les banquiers et d’abandonner les travailleurs. Il serait nécessaire aux travailleurs de pouvoir vérifier les comptes des entreprises. Ils verraient alors que, comme à William Saurin, il y a de quoi maintenir emplois et salaires, à condition d’ouvrir les coffres-forts des patrons.