Hollande renonce, Valls candidat pour la même politique propatronale07/12/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/12/photoune2523.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Editorial

Hollande renonce, Valls candidat pour la même politique propatronale

Illustration - Hollande renonce, Valls candidat pour la même politique propatronale

Hollande a donc renoncé à se présenter à l’élection présidentielle. Il a commencé par vanter son action. Les travailleurs dressent un tout autre bilan. Il s’était engagé à réduire le chômage ; il y a un million de chômeurs en plus. Il avait promis de gouverner pour les jeunes ; un quart de ceux qui cherchent un emploi n’en trouvent pas, et bien d’autres vont d’emploi précaire en petit boulot. Il s’était fait élire contre la finance ; il l’a servie, en multipliant les cadeaux indécents au patronat. Les seuls regrets qu’il a exprimés portent sur la déchéance de nationalité, non parce que c’est une mesure réactionnaire, mais parce que même son propre camp n’en a pas voulu. Il assume toute sa politique antiouvrière, à commencer par la loi travail. Alors, les travailleurs ne le regretteront pas.

Valls, qui l’a poussé vers la sortie, se lance maintenant, en espérant que, comme dans un scénario usé, le fait de changer de comédien relance l’intérêt du spectacle. Mais la politique de Hollande a été mise en œuvre par Valls lui-même. L’un et l’autre ont toujours été unis par une même loyauté envers la classe capitaliste. On peut en dire autant de l’ex-banquier Macron, qui était leur ministre jusqu’à ce que, il y a trois mois, il quitte le navire pour tenter sa chance. Et de Montebourg, qui a lui aussi gouverné avec eux et a mis en œuvre la même politique propatronale, jusqu’à ce qu’il juge que l’impopularité de Hollande desservait sa carrière.

Valls, Montebourg, Hamon : la primaire du PS s’annonce comme un concours de beauté d’anciens ministres du même gouvernement, pour la même politique.

Hollande s’était fait élire sur la base du discrédit de Sarkozy et Fillon. Aujourd’hui, la droite est remise en selle, pour un programme d’autant plus antiouvrier qu’il s’appuie sur les reculs des années Hollande-Valls. Ces deux-là ont autorisé des accords de compétitivité qui remettent en cause les 35 heures ; Fillon veut carrément les supprimer. La loi El Khomri a attaqué le Code du travail ; Fillon veut le démanteler. Avec le CICE et le pacte de responsabilité, Hollande et Valls ont fait 41 milliards de cadeaux aux entreprises ; Fillon veut en faire autant. Hollande a augmenté la TVA ; Fillon veut l’accroître encore plus. Il veut reculer l’âge de la retraite à 65 ans, privatiser en partie l’Assurance-maladie et supprimer l’impôt sur la fortune.

Le Pen, la bourgeoise de Saint-Cloud, espère que le programme de la droite la fera apparaître comme plus « sociale ». Quelle hypocrisie ! Sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, expliquait sur BFM que, comme Fillon, le FN voulait la remise en cause des 35 heures, la baisse du coût du travail, supprimer des postes de fonctionnaires et faire 60 milliards d’économies sur les dépenses publiques. Fillon et Le Pen sont en concurrence sur le même terrain réactionnaire. L’un et l’autre s’attaquent aux étrangers et aux musulmans.

Tous deux nous rebattent les oreilles avec la France éternelle, Jeanne d’Arc et le drapeau tricolore, pour mêler des classes sociales que tout oppose.

Le Pen mènerait une politique aussi antiouvrière que Fillon. Il n’est qu’à voir comment elle s’enthousiasme pour Trump, ce milliardaire élu en prétendant défendre les intérêts du peuple et qui s’entoure maintenant de grands banquiers pour gouverner à leur profit.

Lors de l’élection présidentielle, la seule certitude est qu’un serviteur zélé du patronat sera élu pour mettre en œuvre une politique encore plus à droite que celle menée par Hollande. C’est une exigence du grand capital, dans la guerre qu’il mène au monde du travail pour maintenir ses profits.

Face à celui qui mènera la politique patronale, quel qu’il soit, les travailleurs n’auront pas le choix. Pour préserver leurs conditions d’existence, ils devront mener la lutte de classe, avec leurs propres armes, les grèves et les manifestations de masse.

Dans ce scrutin, il faut que les travailleurs expriment cette volonté et mettent en avant une politique qui représente leurs intérêts vitaux. Cela ne changera pas le rapport des forces, car les élections n’ont pas ce pouvoir. Mais cela montrera qu’une partie des travailleurs ont leur propre politique et affirment que celui qui remplacera Hollande les trouvera sur son chemin.

Il faudra profiter de ces élections pour exprimer le rejet du PS, de la droite et du FN, en votant pour la candidate de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud. Ce sera la seule possibilité pour les travailleurs de faire un vote conscient, lucide, pour défendre les intérêts de leur classe et faire entendre leur camp.

Éditorial des bulletins d’entreprise du 5 décembre 2016

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