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Pologne : une bigoterie criminelle
Le Parlement polonais, dominé par le parti nationaliste et clérical PiS, a voté le 4 novembre la mise en place d’une allocation de 4 000 zlotys (925 euros) pour les mères qui, enceintes d’un enfant atteint de graves malformations, voire risquant de mourir après sa naissance – ce qui, en Pologne, est une des conditions pour pouvoir recourir légalement à l’avortement –, décideraient d’aller quand même jusqu’à l’accouchement.
« Nous nous efforcerons de faire en sorte que, même dans les grossesses qui sont très difficiles, quand l’enfant est condamné, qu’il est déformé, les femmes puissent lui donner naissance afin qu’il soit baptisé, enterré, et qu’il ait un nom », a déclaré Jaroslaw Kaczynski, le président du PiS.
Dans cette décision où le barbare le dispute au grotesque, nul doute que les seuls qui trouveront de quoi se réjouir sont l’Église et les réactionnaires. Car pour une mère dans cette situation, l’aspect financier n’est pas le premier facteur de décision. Quant à la somme de 925 euros, perçue une seule fois, elle est dérisoire par rapport aux frais engendrés par une telle situation. Les conditions pour percevoir cette allocation sont choquantes : elle est accordée seulement si l’enfant est atteint dès la naissance, et pas si la pathologie se développe ensuite.
C’est certainement pour satisfaire le clergé que le gouvernement vient d’adopter cette mesure, après avoir été contraint à reculer début octobre devant la réaction des femmes et d’une grande partie de la société sur son projet d’interdiction totale de l’avortement. Le droit à l’avortement est déjà très restreint en Pologne puisqu’il n’est reconnu que dans les cas de viol, d’inceste, de risque vital pour la santé de la mère, de handicap irréversible ou de pathologie incurable de l’enfant.
Les Polonaises ont échappé à la mise en place d’une allocation en cas de conservation par la femme d’un enfant conçu lors d’un viol, mesure que le PiS avait discutée mais qu’il n’a pas proposée, vu le tollé qu’elle avait déclenché. En revanche, toutes les subventions publiques ont été retirées aux cliniques pratiquant la fécondation in vitro, ce qui la met en pratique à des tarifs inabordables et équivaut à sa quasi-disparition. L’Église a aussi dans son collimateur la pilule du lendemain, qu’elle juge tout aussi condamnable que l’avortement, même si pour l’instant aucune décision gouvernementale ne la limite.
Malgré la claque qu’ils se sont prise, les conservateurs polonais ne renoncent pas, mais il n’est pas dit qu’ils arrivent à leurs fins.