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Leur société
Migrants en Méditerranée : un drame sans fin
Depuis le début de l’année, plus de 4600 migrants ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée. Chaque jour apporte son lot de nouveaux naufrages et de témoignages terribles des rescapés. Les sauveteurs venus leur porter assistance découvrent dans chaque embarcation des hommes morts de froid, du manque d’eau, d’épuisement, asphyxiés par les vapeurs de carburant, noyés avant l’arrivée des secours.
À l’approche de l’hiver, le mauvais temps rend la traversée encore plus périlleuse. Les passeurs redoublent d’activité, entassant toujours plus d’hommes sur des canots pneumatiques abandonnés ensuite en pleine mer sans moteur ni gilet de sauvetage.
Lors de leurs rencontres au sommet, les dirigeants des États européens participent à la surenchère xénophobe ambiante à l’encontre des migrants, se vantant d’avoir renforcé la fermeture des frontières, dressant des murs de barbelés et multipliant les patrouilles en armes à leur porte. Depuis que l’Union européenne a signé un accord avec la Turquie fermant quasiment la route des Balkans, les migrants en sont réduits à emprunter la route la plus dangereuse, celle qui oblige à franchir la Méditerranée à partir de la Libye. 155 000 migrants, dont 20 000 mineurs isolés, seraient arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l’année. Les structures d’accueil y sont débordées et les migrants se heurtent à l’agitation de plus en plus ouverte de politiciens réactionnaires, qui comme ici font carrière en les désignant comme responsables de tous les maux.
Sur mer, à la limite des eaux territoriales libyennes, ce sont souvent les garde-côtes italiens et les bateaux affrétés par les associations qui portent secours aux migrants en perdition. Mais leur nombre et leurs moyens sont loin de pouvoir suffire alors que 330 000 migrants ont tenté de rejoindre l’Europe par mer cette année. 400 000 seraient toujours coincés en Libye dans l’attente d’un passage.
Avec l’hiver, les navires des associations vont devoir en grande partie cesser leurs opérations pour des raisons d’entretien. C’est dire que la Méditerranée va continuer à se transformer en un immense cimetière marin. C’est dire aussi le caractère criminel des choix des dirigeants européens, qui laissent consciemment périr les migrants à leurs portes alors que c’est leur politique qui les a contraints à fuir leur pays d’origine.