- Accueil
- Lutte ouvrière n°2515
- Juppé en campagne : à droite dans ses bottes
Leur société
Juppé en campagne : à droite dans ses bottes
Sarkozy fait mine de s’offusquer des œillades de Juppé à destination des déçus du hollandisme. Lui, qui est coutumier des petites phrases visant les électeurs de Le Pen, veut presque faire passer son rival pour le renard de la gauche dans le poulailler de la droite.
Mais c’est Sarkozy lui-même qui fait la campagne de Juppé. Les outrances de l’ex-président, la batterie de casseroles qu’il traîne derrière lui, ses rodomontades ridicules finissent par indisposer une partie de l’électorat traditionnel de la droite. À ceux-là Juppé propose le calme, l’onction, le sourire de bon aloi à la sortie de la messe du dimanche Et, en prime, il offre même la perspective d’un ralliement des électeurs socialistes, s’il en reste, et une élection de maréchal, faisant espérer la stabilité gouvernementale si nécessaire aux bonnes affaires.
Quant au programme, rien ne distingue les rivaux de la droite, sinon la plus ou moins grande propension à la démagogie. Sur le fond, pour Juppé comme pour Sarkozy, il s’agit de poursuivre en l’aggravant la politique suivie par Hollande.
Juppé déploie donc le catalogue d’attaques contre les classes populaires : contre les travailleurs au chômage, dont il veut encore diminuer les allocations ; contre les services publics utiles à la population et contre les salariés qui les font fonctionner. Il promet, au nom de l’égalité bien entendu, un alignement sur les régimes de retraite du privé pour les nouveaux embauchés de la fonction publique, ce qui entraînerait une nouvelle baisse des pensions. Juppé veut reporter l’âge légal de départ en retraite à 65 ans. Pour achever le tableau, il ajoute la promesse d’une hausse de la TVA, le passage de la durée légale du travail à 39 heures, et de nouvelles attaques contre le droit du travail, car il juge la loi El Khomri trop molle. Tout cela évidemment pour multiplier les cadeaux aux entreprises, c’est-à-dire à leurs riches propriétaires et actionnaires.
Et c’est cet homme-là que l’ensemble de la classe politique, du PS à la droite, s’apprête à proposer comme sauveur à l’élection présidentielle, voire dès la primaire de la droite.
Il ne faut pas être dégoûté.