République démocratique du Congo : dictature et ravages de l’impérialisme05/10/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/10/2514.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

République démocratique du Congo : dictature et ravages de l’impérialisme

Une cinquantaine de personnes sont mortes lundi 19 et mardi 20 septembre à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, dans les affrontements entre les forces de répression et les manifestants réclamant le départ du président Joseph Kabila. La police et l’armée ont ouvert le feu et incendié les sièges de plusieurs partis d’opposition.

Joseph Kabila fait repousser les élections prévues, peut-être de plusieurs années, afin de s’accrocher au pouvoir, alors que la Constitution s’oppose à ce qu’il brigue un mandat supplémentaire. Il est le fils de Laurent-Désiré Kabila, qui s’empara du pouvoir en renversant le dictateur Mobutu, avant d’être assassiné. Sous le règne des Kabila père et fils, comme sous celui de Mobutu, la prédation au profit de l’impérialisme est restée de règle. Le pays possède des réserves importantes de plus de 1 100 minéraux. La « ceinture de cuivre » par exemple, qui s’étend le la région du Katanga jusqu’à la Zambie voisine, est l’une des plus riches de la planète en cuivre et en cobalt. Et il y a aussi l’étain, l’or, le tantale, les diamants.

Tous les trusts miniers de la planète sont depuis longtemps attablés à ce festin, des compagnies américaines aux chinoises, sans oublier Total, pour le pétrole. Au passage, ces géants laissent quelques miettes aux dirigeants congolais, partageant leurs faveurs entre gouvernements central et locaux, et chefs des bandes armées qui contrôlent certains secteurs. La famille Kabila a ainsi amassé une fortune colossale depuis son arrivée au pouvoir. La sœur jumelle du président, Janet Kabila, a dernièrement été démasquée lors du scandale des Panama papers comme détentrice d’une société offshore domiciliée dans une île du pacifique.

La population ne bénéficie en rien de toutes ces richesses. La capitale, Kinshasa, à l’exception de quelques quartiers plus aisés, est un immense bidonville où des bandes d’enfants survivent comme ils peuvent. Selon les rapports de l’ONU, la malnutrition infantile y fait des ravages et la scolarisation y est parmi les plus faibles.

Une guerre permanente, fruit pourri de l’impérialisme

La richesse de leur sous-sol n’a valu aux Congolais que la misère et un état de guerre permanent. Les colonisateurs belges réduisirent de moitié le nombre d’habitants en les contraignant au travail forcé. À l’indépendance, les grandes puissances firent assassiner le leader populaire devenu Premier ministre, Patrice Lumumba. Elles imposèrent à la tête du pays Mobutu, un dictateur sanguinaire, sous lequel le pillage put continuer. De son côté l’Union minière du haut-Katanga, puissante compagnie minière belge, organisa la sécession du Katanga, la province la plus riche. Cela dura deux ans, avant que Mobutu, soutenu par les USA et l’ONU, et Tshombe, le président du Katanga, protégé par des mercenaires belges et français, se mettent d’accord. Tshombe devint Premier ministre de Mobutu, et le gâteau minier fut partagé.

Le régime de Mobutu s’effondra en 1997 devant l’offensive du chef rebelle Kabila, appuyé sur les troupes rwandaises et ougandaises, ces pays voulant prendre part au pillage. Une seconde guerre ravagea le pays lorsque Kabila entreprit de chasser ses anciens alliés, en s’alliant cette fois à l’Angola, au Zimbabwe, au Tchad et à la Namibie. Tous ces hommes en armes s’abattirent sur la population, rançonnant, pillant et violant sans vergogne. La guerre, officiellement terminée en 2002, fit des millions de morts. Mais elle continue encore dans des régions comme le Kivu car, si les armées étrangères se sont retirées, des bandes armées continuent à sévir, accrochées aux puits de mine qu’elles contrôlent, pour le plus grand bien des trusts qui les financent..

Les grandes puissances à la recherche d’un nouveau serviteur

Après seize ans de corruption, d’insécurité et de misère pour la population, le ressentiment populaire s’accumule aujourd’hui contre Kabila et son clan. Mais ceux qui prétendent le remplacer sont de la même trempe. Les deux principaux, Étienne Tshisekedi et Moïse Katumbi, ont eux aussi participé au pillage du pays. Katumbi, ancien gouverneur de la région minière du Katanga, connu pour sa fortune, n’a rompu avec Kabila que depuis moins d’un an. Tshisekedi, lui, fait figure d’opposant de toujours à Kabila, mais fut ministre sous Mobutu.

En République démocratique du Congo, les grandes puissances ont un large choix d’hommes politiques prêts à les servir. Elles préféreraient que Kabila passe la main avant que le mécontentement ne prenne plus d’ampleur. Obama, Hollande, l’ONU et l’Union européenne appellent Kabila à respecter les institutions qui servent de paravent légal à l’exploitation des richesses du pays. L’important pour eux, c’est que les affaires puissent continuer.

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