Grévistes de 1948 : le PS tire d’abord, et réhabilite 70 ans après05/10/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/10/2514.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Grévistes de 1948 : le PS tire d’abord, et réhabilite 70 ans après

Le 30 septembre, Hollande a réintégré dans leur grade militaire quatre mineurs du Pas-de-Calais, anciens résistants, dégradés suite à la grève de 1948. Il a prétendu à cette occasion faire œuvre de justice, adresser un geste aux électeurs de gauche, voire aux ouvriers. À propos de ceux qui avaient dégradé ces quatre hommes, Hollande a simplement parlé de « gouvernement peu avisé ».

Il serait plus juste de parler d’un gouvernement de combat contre la classe ouvrière, particulièrement en la personne de Jules Moch, ministre de l’Intérieur et socialiste. L’armée, y compris les blindés, et les CRS, avec les chiens policiers, furent en effet envoyés contre les mineurs en grève. Les corons furent occupés par la troupe, les piquets de grève brisés un à un par la force. Six mineurs y laissèrent la vie, des milliers furent licenciés et privés définitivement du statut de mineur et de ses protections, du logement, du chauffage, des assurances. Ils conservèrent en revanche la silicose acquise pendant les années au fond. Des milliers furent condamnés, y compris à des peines de prison ferme. Le gouvernement, ministres socialistes en tête, accusait les mineurs d’être l’avant-garde d’une insurrection, de préparer l’arrivée des chars russes en France et dénonçait la terreur communiste dans les corons.

Cette grève, comme d’autres des années 1947 et 1948, était une explosion de colère de travailleurs qui n’en pouvaient plus après des années de guerre et de reconstruction, c’est-à-dire de privations et de travail forcé. Les prédécesseurs de Hollande surent employer les grands moyens pour la briser. 68 ans après, ce dernier parvient à utiliser ces événements pour sa petite tambouille politique. Outre l’appel aux électeurs de gauche, la cérémonie a en effet été l’occasion de mettre en scène la réconciliation du futur candidat avec son ex-ministre de la Justice, Christiane Taubira. Hollande veut ainsi s’assurer de son soutien en vue de la primaire socialiste.

Le gouvernement socialiste d’aujourd’hui fait mine de revenir sur les répressions antiouvrières de ministres socialistes d’hier. Mais il fait condamner les travailleurs d’Air France, de Goodyear et bien d’autres, injurie les grévistes, noie les manifestants sous les policiers. On peut faire ce crédit à ­Hollande, digne descendant de Moch, que s’il n’a pas fait tirer sur les ouvriers, ce n’est qu’une question de circonstances.

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