École : inégalités en progrès28/09/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2513.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Enseignement

École : inégalités en progrès

La France est l’un des pays où l’école aggrave le plus les inégalités sociales. C’est ce qui ressort du rapport publié mardi 27 septembre par le Cnesco (Conseil national d’évaluation du système scolaire).

Ce n’est pas une nouveauté : toutes les études effectuées dans les pays de l’OCDE montrent qu’en France, plus qu’ailleurs, le fossé ne cesse de se creuser entre les résultats des élèves défavorisés et ceux des autres. Comme d’habitude, les commentateurs expliquent que les inégalités ne sont pas une question de moyens et déplorent le manque de mixité sociale et d’innovation pédagogique.

Certes, pour une plus grande ouverture sur le monde, mieux vaut la plus grande des mixités et le renouvellement des pratiques pédagogiques. Mais ces banalités, reprises par les responsables politiques, servent à justifier les économies sur les moyens accordés à l’école, tout en rejetant la responsabilité de l’échec scolaire sur les enseignants, qui ne seraient pas assez innovants ou dévoués, voire les deux à la fois.

Le Cnesco souligne l’échec de l’éducation prioritaire dans la lutte contre les inégalités sociales. Le classement en Rep + ou en Rep (réseaux d’éducation prioritaires) créerait une discrimination négative, transformant ces établissements en ghettos fuis par toutes les familles qui le peuvent. Comme si la réalité sociale pouvait s’arrêter aux portes des salles de classe et comme si l’école, dans les quartiers les plus pauvres, pouvait échapper aux difficultés vécues au quotidien par les familles !

L’étude du Cnesco ne s’arrête cependant pas là et attribue surtout l’échec de l’éducation prioritaire au peu de moyens qui lui sont accordés. Elle relève que la baisse des effectifs par classe – en moyenne 1,4 élève de moins que hors zone prioritaire – ne permet pas de s’occuper des difficultés spécifiques de chaque élève, que le nombre d’intervenants aux côtés des enseignants est dérisoire. Enfin, elle préconise l’investissement massif dans une politique de scolarisation maternelle précoce, le rôle de l’école pour les moins de 3 ans étant particulièrement crucial dans les milieux les plus pauvres.

Tous les parents et les enseignants, en particulier dans ces quartiers, pourraient ajouter qu’il faudrait en finir avec les emplois précaires et les postes partagés sur plusieurs établissements, qui dégradent les conditions de travail et ne permettent pas le bon fonctionnement des équipes.

Mais, pour que ces mesures de lutte contre les inégalités scolaires existent, il faudrait une autre politique que ces économies sur les moyens que le gouvernement ose justifier au nom des sciences de l’éducation.

Partager