Boues rouges : la logique du profit07/09/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2510.jpg.445x577_q85_box-0%2C62%2C822%2C1128_crop_detail.jpg

Leur société

Boues rouges : la logique du profit

Diffusé le vendredi 2 septembre, un reportage de l’émission de télévision Thalassa consacré aux boues rouges déversées en Méditerranée a relancé la polémique qui oppose le Premier ministre et sa ministre de l’Environnement, Ségolène Royal.

En effet, malgré l’opposition de cette dernière, la préfecture des Bouches-du-Rhône a autorisé en décembre 2015 l’entreprise d’alumine Alteo de Gardanne à poursuivre ses rejets toxiques en mer pendant encore six ans.

Une nouvelle fois, ­Ségolène Royal a rejeté sur Matignon la responsabilité d’une décision qu’elle a qualifiée d’inadmissible.

Valls lui a répondu en déclarant qu’il assumait son choix, déclarant avoir été motivé par la volonté de préserver l’emploi.

Comme d’habitude, l’État a donc cédé au chantage à l’emploi que les dirigeants de l’entreprise agitent depuis toujours dès que l’on tente de leur imposer la moindre contrainte dans la gestion de leurs déchets. Ainsi, en cinquante ans, les patrons de cette usine, avec l’accord de l’État, ont déversé plus de trente millions de tonnes de boues rouges chargées d’arsenic et de métaux lourds au large des villes côtières de La Ciotat et de Cassis. Pour des décennies, la chair des poissons est contaminée et les fonds marins pollués.

Depuis le début de l’année, l’usine ne rejette plus des boues rouges mais… des résidus liquides filtrés. D’après les dirigeants de l’entreprise, la pollution serait diminuée de 95 %. Mais comment les croire, alors que pendant des années ils ont refusé de reconnaître la toxicité des boues rouges. D’ailleurs, des contrôles surprise effectués par la préfecture en juin, ont décelé des dépassements par rapport à ce que l’usine est autorisée à polluer.

Les dirigeants d’Alteo et ceux de l’État veulent faire croire qu’il faudrait choisir entre le maintien de l’emploi et la préservation de l’environnement. Mais il y aurait une autre alternative : obliger les actionnaires d’Alteo à prendre sur leurs profits pour financer les installations et les équipements permettant de mettre fin à la pollution. Ces actionnaires en auraient eu les moyens car l’usine de Gardanne a appartenu successivement aux trusts Pechiney et Rio Tinto qui sont des entreprises richissimes.

Mais elles ont préféré sacrifier l’environnement à la logique du profit. Et encore aujourd’hui, c’est la même logique qui continue de s’imposer… y compris à la ministre de l’Environnement.

Partager