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Gabon : Bongo ou Ping, l’impérialisme français vainqueur
Mercredi matin 31 août les résultats de l’élection présidentielle au Gabon n’étaient toujours pas connus et rien ne dit que, lorsqu’ils le seront, ils soient acceptés. Les jours précédents, Ali Bongo et Jean Ping, les deux candidats, s’étaient proclamés vainqueurs de ces élections qui tiennent plus de la mascarade que d’un véritable scrutin. Depuis juillet, l’armée et la police ont été mises en alerte dans tout le pays par le président sortant, les manifestations ont été réprimées et des opposants emprisonnés.
Les deux candidats avaient bien des choses en commun, à commencer par le fait de vouloir conserver à la France et à ses entreprises une position dominante dans ce pays de 1,5 million d’habitants, riche en réserves pétrolières et en matières premières de toutes sortes. Le père d’Ali Bongo, Omar Bongo, un ancien des services secrets français, avait été installé au pouvoir en 1967 par de Gaulle et son conseiller pour l’Afrique, Jacques Foccart. La priorité était alors d’assurer l’approvisionnement de la France en pétrole, après la perte des gisements algériens, et le Gabon indépendant devint une sorte de protectorat français géré par Elf et Jacques Foccart, avec Omar Bongo comme paravent. En échange des services rendus, celui-ci recevait sur son compte personnel une partie des revenus de la rente pétrolière. Derrière Elf, devenu Total par la suite, d’autres trusts trouvèrent leur place dans ce petit eldorado de l’impérialisme français : Castel pour les brasseries, Bolloré pour les ports, Bouygues dans les travaux publics, Rougier dans les exploitations forestières, Eramet pour le manganèse.
À la mort d’Omar Bongo en 2009, son fils Ali, ministre de la Défense depuis dix ans, lui succéda après des élections truquées. Son armée réprima les révoltes qui suivirent, faisant des dizaines de morts parmi les manifestants qui s’en étaient pris au consulat français et aux bâtiments de Total. L’armée française déploya une centaine d’hommes dans les rues de Port-Gentil, la grande ville pétrolière. Sous Ali comme sous Omar, le pillage continua au profit de l’impérialisme et du clan Bongo, sous l’œil vigilant de l’armée française. Celle-ci possède au Gabon une base de 450 soldats, la deuxième en Afrique après Djibouti, et forme en outre les soldats et les policiers gabonais, qui n’hésitent pas à torturer et à tirer sur la population.
L’adversaire d’Ali Bongo dans ces élections, Jean Ping, était un maillon de ce système corrompu. Il fut plusieurs fois ministre de 1989 à 2008, notamment des Mines et de l’Énergie, ou des Affaires étrangères. Interrogé par le journal Le Monde il déclarait : « Le Gabon est une dictature pure et simple entre les mains d’une famille, d’un clan. » Et, au journaliste qui demandait alors « Mais vous y avez participé ? », il répondait : « Bien-sûr ! Absolument. J’y ai participé, mais j’ai demandé pardon. »
Aucun des deux clans qui se déchirent pour s’accaparer les miettes que l’impérialisme veut bien leur laisser ne peut représenter de près ou de loin les intérêts de la population gabonaise. Une grande partie d’entre elle vit dans la misère, avec des systèmes de santé et d’éducation totalement délabrés. Le monopole accordé à des trusts comme Bolloré contribue à augmenter les prix des produits importés. Les revenus provenant du pétrole et des matières premières sont pour la plus grande partie dilapidés dans les dépenses somptuaires de la caste au pouvoir, et ce qui reste sert à entretenir une armée qui réprime la population