Cette travailleuse, préposée aux caisses minutes, où les clients scannent eux-mêmes leurs produits, avait été licenciée le 28 juillet pour ne pas avoir scanné une boîte de sauce tomate d’une cliente lors de l’encaissement de son panier. La cliente, interpellée par le service de sécurité, avait reconnu les faits et réglé les 85 centimes. Pourtant, Auchan parlait de vol et accusait aussi la caissière d’avoir en même temps accordé une promotion sur des paquets de pâtes.

Pour quelques centimes, la direction du magasin avait donc décidé de jeter à la rue une mère de famille de trois enfants. C’est vraiment scandaleux de la part d’un des trusts de la distribution appartenant à la famille Mulliez, l’une des plus grosses fortunes de France… mais qui a trouvé plus intéressant de se domicilier en Belgique, de l’autre côté de la frontière, pour y payer moins d’impôts.

Samedi 13 août, une manifestation a eu lieu devant le magasin de Tourcoing. Les manifestants, venus défendre la caissière, dénonçaient aussi les salaires plus faibles pratiqués dans ce magasin qui n’a pas la même convention collective que les autres Auchan. Une pétition a également été signée par près de 7 000 personnes.

Quelques jours après, la direction est revenue sur sa décision et a proposé de réintégrer la travailleuse dans l’un de ses établissements. Elle a justifié ce revirement par « des éléments nouveaux sur le contexte et les circonstances des faits ». Mais, comme l’a dit le délégué syndical CGT du magasin, cette réintégration, très rare après un licenciement, a été obtenue par la lutte : « C’est une victoire du monde ouvrier. La plupart des gens sont résignés, ils se laissent dominer. Nous, on n’a pas accepté, on s’est levés contre l’injustice et ça a fonctionné. »