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Dans le monde
JO de Rio : la médaille d’or en profits et corruption
Les Jeux olympiques s’ouvrent le 5 août à Rio, mais dans quelles conditions ? À entendre les plaintes des athlètes déjà arrivés sur les hébergements parfois insalubres, les problèmes ne manqueront pas. Des reportages ont montré la pollution de la baie de Guanabara, où se dérouleront les épreuves nautiques. Cela fait des années que son nettoiement était paraît-il en cours ; l’argent budgétisé s’est envolé et les ordures de toute sorte sont restées.
Concernant la sécurité, le risque d’attentats terroristes serait limité, répètent les autorités. Peut-être, pour les athlètes et les spectateurs, mettra-t-on les moyens. En revanche la population sera, elle, plutôt moins protégée que d’habitude, comme l’ont dénoncé début juillet des grèves et des manifestations de membres de la police judiciaire et de pompiers, qui se plaignaient des salaires en retard et du manque de matériel. Aux touristes et à tous ceux qui viennent pour les Jeux, ils ont ironiquement souhaité « Bienvenue en enfer ! »
La police n’a pas le monopole du sous-équipement. On pouvait lire, tout aussi ironiquement, sur les murs de l’aéroport international : « Bienvenue, nous n’avons pas d’hôpitaux. » Les enseignants dépendant de l’État de Rio, en grève depuis le 2 mars pour leurs salaires, ont eux aussi manifesté. Ils étaient soutenus par des chômeurs du bâtiment, des chantiers navals, du pétrole et de la sidérurgie organisés dans SOS emploi. Car le ralentissement économique a mis au chômage des millions d’ouvriers, en particulier des sous-traitants de grandes entreprises.
Quand il s’agit de payer ses fonctionnaires, l’État de Rio se dit en faillite. Mais les Jeux sont pour lui prioritaires. Plus que l’image de la ville et du pays, ce qui est en jeu, ce sont les milliards de dollars qu’ont déjà encaissés et que vont encaisser Comité olympique, fédérations sportives, publicitaires, équipementiers, hôteliers, voyagistes et compagnies aériennes, et surtout entreprises du BTP qui ont construit stades, cité olympique, autoroutes, métro et tram. Tous les fonds venant des impôts, du budget fédéral et des emprunts contractés par la ville et l’État vont aux Jeux. Pour cela, plus de 4 000 personnes ont été délogées d’office, des kilomètres carrés de terrains ont été expropriés, pour faire place aux routes, parkings, stades et hébergements.
Ces fonds ont alimenté une corruption véritablement... olympique. Ainsi le stade du Maracana, où se déroulera la fête d’inauguration, avait été rénové pour le Mondial de foot de 2014. La société Delta, qui avait fait les travaux, a touché 4 milliards de dollars de fonds publics, couvrant 96 % des dépenses, dont elle a consacré 100 millions pour financer entre autres le gouverneur de l’époque.
Quand la torche olympique s’éteindra, les capitalistes de tous pays feront le compte de leurs profits. Les riches de Rio pourront faire étalage de leur luxe dans de nouveaux espaces. Les autres, l’écrasante majorité, auront le droit de regarder des stades dont ils n’auront pas l’usage, construits à coups de contrats surfacturés et de détournements de fonds, et le « droit » de rembourser les milliards d’emprunts. Quant aux lois d’exception votées pour assurer à tout prix les Jeux contre d’éventuels terroristes ou manifestants, elles serviront de prétexte pour bâillonner ceux qui revendiqueront de meilleures conditions d’existence.