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Crédit agricole – Guadeloupe : victoire des grévistes
Les employés du Crédit agricole-Guadeloupe ont fait un mois de grève, avec pour revendications principales le maintien de la prime de vie chère de 40 % pour tous, le paiement des jours de grève, l’embauche des CDD de longue date.
Le maintien de la prime de vie chère est une revendication emblématique. Dès qu’on y touche, comme voulait le faire la direction du Crédit agricole et d’autres avant elle, cela déclenche toujours un tollé et un mécontentement général.
Car cette prime fut acquise de longue date par les fonctionnaires, à l’issue d’une grève générale en 1953. Elle était jusque-là réservée aux seuls fonctionnaires métropolitains se rendant dans les départements d’outre-mer. Puis, peu à peu, elle fut élargie à certains travailleurs du privé ou du semi-public. Certains perçoivent 40 % d’autres 25 ou 35 %.
Jusqu’au vendredi 22 juillet, la direction du Crédit agricole ne voulait rien entendre. Mais ce jour-là, la sourde qu’elle était retrouva subitement sa faculté d’écoute. Ce qui fut déterminant : le blocage du port de Jarry (la zone industrielle de Pointe-à-Pitre) par les travailleurs mécontents du Crédit agricole, de l’énergie, de la mairie de Capesterre-Belle-Eau. Dans ces trois secteurs en grève, les travailleurs et leurs syndicats avaient appelé à une action unitaire afin que leurs revendications soient satisfaites. Un rassemblement eut lieu d’abord devant le siège du Centre d’affaires du Crédit agricole de Jarry. Dans le même temps, un groupe de travailleurs de l’énergie était rassemblé près du port. Une manifestation de rue s’en suivit dans les rues de la zone. Et, tous les grévistes en colère se retrouvèrent un peu plus tard. Ils étaient soutenus par des militants des différents syndicats, ceux de Combat ouvrier, des jeunes du journal Rebelle.
Ils décidèrent de bloquer l’entrée et la sortie du port. Le blocage dura jusqu’au début de la nuit, quand les dirigeants de l’action reçurent l’assurance du préfet que, dans les trois secteurs en lutte, des négociations favorables aux travailleurs auraient lieu. Très vite, le directeur et le président du conseil d’administration du Crédit agricole firent des déclarations sur les ondes affirmant que la feuille de route qui prévoyait la suppression de la prime de vie chère pour les nouveaux employés et le gel de cette prime pour les anciens serait abrogée.
C’était un recul important de la direction, qui jusque-là ne voulait pas entendre parler de la suppression de sa feuille de route. De plus, le maintien de la prime de vie chère a toujours été la revendication principale des grévistes, qui en faisaient un préalable à toute négociation, la déclarant « non négociable ».
Lundi 25 vers 11 heures, les négociations devaient se tenir au siège du Crédit agricole aux Abymes (quartier de Petit-Pérou) mais, nouvelle petite manœuvre dilatoire de la délégation patronale : celle-ci prit comme prétexte qu’elle devait aussi choisir son expert, vu que les grévistes étaient venus avec un avocat. Ils quittèrent donc les lieux de la négociation, qui reprit dans l’après-midi.
Mardi 26 juillet, aucun protocole d’accord n’était encore signé, sauf l’assurance écrite exigée par les grévistes que la direction ne toucherait pas à la prime de vie chère de 40 %. En ce qui concerne les autres revendications, la direction devait demander l’avis du conseil d’administration de la banque qui se réunissait ce jour-là. La reprise des négociations devait avoir lieu à 16 h 30.
Dans la nuit de mardi à mercredi, la direction a cédé définitivement sur la prime de vie chère de 40 % et sur le paiement des jours de grève. La détermination des grévistes et leur action de rue du vendredi 22 leur auront donc permis de faire reculer la direction.