Limagrain – Saint-Beauzire : les grévistes de Brossard s’invitent06/07/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/07/2501.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Limagrain – Saint-Beauzire : les grévistes de Brossard s’invitent

Partis de Pithiviers (Loiret) très tôt mardi 28 juin, une trentaine d’ouvrières et d’ouvriers, soit la moitié des travailleurs de production en grève totale depuis le 7 juin, débarquaient à 8 heures tapantes devant le siège social de Limagrain, à Saint-Beauzire dans le Puy-de-Dôme.

Cette société ayant racheté l’usine Brossard il y a quelques années, les travailleurs étaient décidés à obtenir une rencontre avec la direction de la multinationale qui, depuis le début de leur conflit en mars à la suite des négociations annuelles obligatoires, s’applique à les ignorer.

Ils étaient accueillis par une délégation de militants CGT de l’usine de sucrerie Bourdon et d’autres militants venus les soutenir.

Après s’être fait entendre sous les fenêtres du siège, à coups de trompettes, de cloches, de chansons et de revendications par haut-parleurs, quatre délégués CGT et FO ont finalement eu droit à une entrevue avec la direction. Mais, au bout de trois heures et demie de discussions, à midi et demi passé, les délégués sont revenus avec toujours rien.

Pour la direction de Limagrain, c’était toujours 0 % d’augmentation générale. Mais, pour mettre fin au conflit, elle leur proposait une prime de performance et l’étalement des jours de grève non payés sur trois mois. À cette annonce, la colère a fusé parmi les grévistes, las de cette longue attente et de ce mépris.

Voyant les collaborateurs de Limagrain sortir pour aller manger, les grévistes ont été se poster aux entrées pour se faire mieux voir, récupérant au passage des chaises d’une salle de repos. Les piétons pouvaient entrer et sortir, mais plus les voitures. L’action s’est poursuivie jusqu’à la sortie de 17 h, alors que le car devant les raccompagner à Pithiviers était prévu à 14 h. Plusieurs centaines de voitures restaient immobilisées sur le parking, et ni les menaces de la direction, ni le passage de l’huissier, ni les jérémiades d’un haut cadre pour « les pauvres mamans qui ne peuvent aller chercher leurs enfants à l’école » n’ont impressionné les grévistes. Parmi eux aussi, il y a des mamans qui ont besoin d’un salaire correct pour élever leurs enfants ! Et, tandis que les grévistes continuaient leur filtrage, des militants de la CGT qui avaient manifesté place de Jaude à Clermont contre la loi El Khomri arrivaient avec le camion, les haut-parleurs, les drapeaux et le barnum, pour compléter le blocage de l’entrée du siège de Limagrain.

Alors a commencé, devant l’entrée, un bal de taxis et de cars : la direction trouvait donc l’argent... pour payer des moyens de transport individuel pour le personnel ne pouvant sortir avec son propre véhicule ! Pour se venger, la direction a même réussi à faire fermer les toilettes de la salle de repos où les grévistes avaient réussi à se rendre.

Cependant le blocage a duré jusqu’à la nuit, le temps de faire des grillades sur un barbecue installé devant l’entrée et de se sustenter, avant de repartir en car pour Pithiviers vers 22 h 30.

Les travailleurs de Brossard n’ont rien obtenu, mais ils sont fiers de cette longue journée, d’avoir défendu leur dignité face à une direction méprisante, et heureux d’avoir ressenti la solidarité ouvrière.

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