Difficile de faire croire que ces quatre semaines de compétition seraient synonymes de fraternisation entre les peuples, que les valeurs dominantes durant cette période seraient le respect des autres et une trêve qui effacerait, ne serait-ce qu’un instant, les conflits en cours.

C’est qu’au départ il y a maldonne. Le caractère dominant de ces joutes n’est pas le sport, mais le spectacle. Du pain et des jeux, disait-on il y a bien longtemps. Mais ces jeux sont dominés, pourris par le fric. Preuve en est l’engouement des sponsors, qui investissent des sommes considérables pour gagner des sommes encore plus considérables, transformant l’élite des joueurs en hommes sandwichs de luxe et en valeurs marchandes qui s’échangent à des prix qui dépassent l’entendement du commun des mortels.

À cela vient s’ajouter l’exaltation et surtout l’utilisation de préjugés les plus grossiers, comme le chauvinisme le plus crasse. En guise de fraternisation, on pourrait trouver mieux ! Les politiciens de tous bords apportent allégrement de l’eau à ce moulin, d’autant qu’ils y trouvent leur compte. À commencer par ceux qui font de la culture du nationalisme, en un mot de la haine entre peuples, leur fonds de commerce habituel : l’extrême droite, mais aussi la droite dite républicaine. Les politiciens de gauche ne sont pas en reste. Le duo Hollande-Valls l’a montré qui, tout récemment, a tenté d’utiliser l’événement pour réclamer une trêve… à ceux qui le contestaient. Et les médias ajoutent leur part à ce charivari.

Certes, ni les politiciens, ni les gouvernements, ni les chroniqueurs ne sont directement responsables du comportement de quelques centaines d’énergumènes qui profitent des circonstances pour satisfaire leur goût de la castagne et leur soif d’émotions fortes et d’alcool, mais ils sont parmi ceux qui cultivent ce climat et essaient d’en tirer profit politiquement, tandis que d’autres en tirent directement de copieux profits financiers.

On peut aimer le sport, y compris le foot, sans se laisser berner par tout ce cirque.