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La grève SNCF à un tournant
Le 14 juin, journée nationale contre la loi travail, la grève reconductible à la SNCF en était à son quatorzième jour.
Pendant toute la semaine, le gouvernement, la direction SNCF et les journalistes à leur solde ont fait feu de tout bois pour dénigrer les grévistes, Hollande menaçant même les grévistes de réquisition. Cette mesure a été utilisée pour la dernière fois contre les cheminots en 1953... sans aucun résultat. La direction de la SNCF n’a en fait trouvé que les cadres pour conduire les trains qui desservaient le stade de France. Sur ces lignes les cheminots, nullement intimidés, étaient en grève à plus de 90 %.
Depuis un certain temps déjà, le gouvernement, la direction SNCF et les journalistes à leurs ordres martèlent que les cheminots ont obtenu satisfaction sur l’accord d’entreprise, et n’ont donc plus de raisons de rester en grève. Ce recul n’en est pas un et il ne satisfait pas les grévistes qui, dans les assemblées, se sont exprimés pour rejeter l’ensemble des accords qu’on veut leur imposer.
Pour autant, si des secteurs restaient majoritairement en grève, comme chez les roulants, la grève devenait de plus en plus minoritaire ailleurs et de nombreuses assemblées s’interrogeaient sur l’avenir du mouvement : d’une part, à cause de la position des directions de la CGT qui, dans plusieurs secteurs, ont poussé à voter la suspension de la grève, et d’autre part à cause de la signature ou non de l’accord d’entreprise.
Cet accord étant dénoncé dans toutes les assemblées, la fédération CGT a fini par dire qu’elle ne le signerait pas, mais a maintenu le suspense jusqu’au 14 juin, faisant tenir à ses militants un même discours : cet accord n’est pas bon mais, si nous ne le signons pas, nous ne serons pas partie prenante des négociations à venir. Comme si remplacer la lutte par les négociations pouvait faire reculer la direction. La fédération Sud-Rail, tout en refusant elle aussi de signer cet accord, ne s’interdit pas de le faire à l’avenir : « Il est aujourd’hui prématuré, dit-elle, de se poser la question de la signature. » Mais elle ajoute dans la même déclaration que « l’adhésion aux accords reste possible à tout moment ».
Au-delà de ces positions démobilisatrices, la principale interrogation des grévistes résidait dans la capacité d’extension du mouvement contre la loi travail, avec la réussite de la manifestation du 14 juin.