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Leur société
Intermittents : fausses concessions patronales
Le 7 juin, certains intermittents du spectacle ont envahi le siège du Medef, ce qui a donné lieu à l’interpellation de l’un d’entre eux, resté en garde-à-vue pendant 48 heures. Et un rassemblement de soutien a réuni plusieurs centaines de personnes lors d’une conférence de presse devant le Palais de justice de Paris.
En effet, lorsque le 28 avril un accord avait été signé entre les organisations syndicales et le patronat du secteur, beaucoup de travailleurs intermittents avaient vu là, à juste titre, un recul sous la pression de leur mobilisation et aussi de celle, plus générale, de l’ensemble des salariés et de la jeunesse contre la loi travail. Mais il n’a pas fallu attendre longtemps pour voir qu’il n’en était rien.
L’accord signé annonçait entre autres que le patronat du secteur concédait une hausse de ses cotisations de 1 % et l’accès au statut d’intermittent à tous les travailleurs à partir de 507 heures travaillées par an, au lieu de dix mois précédemment. L’accord revenait sur le « système glissant » du mode de calcul de ces heures travaillées, mis en place en 2003, qui rendait encore plus difficile l’accès au statut d’intermittent.
Bon nombre de travailleurs du secteur cherchent à obtenir ce statut d’intermittent car il leur garantit un revenu stable. Mais c’est aussi une aubaine pour le patronat. En l’occurrence, ledit secteur est très large. Des grandes chaînes de télévision aux boîtes de nuit, en passant évidemment par tous les organisateurs de spectacles, le statut d’intermittent permet au final à bien des capitalistes d’avoir à débourser très peu pour les salaires. Ils embauchent des travailleurs pendant parfois des périodes très courtes, s’appuyant sur le fait que ceux-ci pourront vivre malgré tout grâce à leur revenu d’intermittent payé par l’assurance-chômage. Et si certains théâtres publics ont des budgets très serrés, ce n’est sûrement pas le cas de TF1, du groupe Lagardère ou encore de France télévision, qui utilisent largement l’embauche d’intermittents. Ce statut d’intermittent est en réalité un pis-aller pour des dizaines de milliers d’artistes mais aussi de techniciens et d’ouvriers du spectacle.
Quoi qu’il en soit, le peu que le patronat avait semblé concéder en avril a été remis en cause d’un claquement de doigts du Medef, qui a annoncé début juin qu’il refusait de valider l’augmentation de cotisation de 1 %. Suite à cela les intermittents se sont remobilisés.
L’accord du 28 avril a été un de ces reculs partiels concédés devant la mobilisation persistante contre la loi travail, pour tenter de diviser le front des travailleurs. Il faut obliger patronat et gouvernement à reculer vraiment, et sur toute la ligne.