Italie : désaffection électorale08/06/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/06/p9_PanneauxTurinjuin2016_credit_LO.jpg.420x236_q85_box-1%2C0%2C799%2C449_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : désaffection électorale

Après les élections municipales du 5 juin en Italie, nous publions ci-dessous l’éditorial de nos camarades de l’Internazionale (Italie – UCI).

Illustration - désaffection électorale

Les dirigeants des partis politiques peuvent faire toutes les déclarations qu’ils veulent : la vérité est que le premier tour des élections municipales, dimanche 5 juin, a désigné un seul gagnant : l’abstention.

Dans l’ensemble des 25 villes les plus importantes prises en compte par l’institut Cattaneo, par rapport aux municipales de 2011, la participation au vote est passée de 62,3 à 57,6 %. Même le mouvement Cinq étoiles, malgré le succès indéniable obtenu à Rome, enregistre dans l’ensemble une baisse de ses voix par rapport aux deux précédents scrutins.

Le fait que l’abstention soit maintenant plus élevée au Nord qu’au Sud souligne la gravité de la crise qui frappe le système « démocratique ». La Milan des « excellences », deuxième capitale d’Italie, donnée depuis des années en exemple pour ses traditions civiques, n’a vu qu’un peu plus de la moitié de ses électeurs se rendre aux urnes. Que se passe-t-il donc ? Les moyens traditionnels de contrôle social sont en crise et fonctionnent de moins en moins. Ils ont servi pendant des décennies. Les classes dirigeantes, c’est-à-dire les hommes du grand capital, ont bénéficié d’un réseau d’institutions et de partis qui parvenait à capter le mécontentement populaire, voire à le capitaliser et à le transformer en une approbation de ce système, pourtant à l’origine du mécontentement.

Aujourd’hui, la masse des mécontents, composée en très grande partie de travailleurs, de précaires, de chômeurs et de retraités, fait de moins en moins confiance aux mécanismes et aux rituels de la politique officielle.

Cela pourrait être positif, à condition qu’à la politique de ces partis et mouvements, au service du régime capitaliste et ne se divisant que par leur prétention à en être les meilleurs serviteurs, s’opposait un parti de la classe ouvrière. (...)

Dans le même temps, les conditions de vie réelles des classes populaires glissent toujours plus bas. Ceux qui devraient défendre les travailleurs et leurs conditions de travail, les syndicats, s’enlisent dans des actions comme la récolte de signatures pour des pétitions. Ils expliquent aux travailleurs que ce qu’ils n’ont pas réussi à obtenir par la lutte, ils pourraient l’obtenir par un projet de loi ou un référendum.

L’idée ne les a même pas effleurés que ces jours-ci se déroulait en France une lutte dure, prolongée sur plusieurs semaines, impliquant des travailleurs et des étudiants, contre la version française du Jobs act de Renzi. Ils n’ont même pas pensé qu’une jonction des luttes des ouvriers et des étudiants des deux pays aurait pu remettre en question une attaque contre les travailleurs qui se déroule depuis des années au moins à l’échelle de l’Europe. Et c’est pourtant là que se situe le véritable problème politique qui concerne toutes les classes ouvrières d’Europe : continuer à voir se dégrader, année après année, les salaires, la sécurité, la santé, les droits et les garanties les plus élémentaires, ou combattre pour imposer un autre rapport de force.

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