- Accueil
- Lutte ouvrière n°2495
- Nantes – Saint-Nazaire : dans la rue malgré l’interdiction de manifester
loi travail
Nantes – Saint-Nazaire : dans la rue malgré l’interdiction de manifester
Bravant l’interdiction du préfet de manifester en ville, sous prétexte que la manifestation n’était pas appelée par l’intersyndicale, près d’un millier de personnes ont quand même tenu à descendre dans la rue jeudi après-midi 19 mai à Nantes, pour exprimer leur opposition à la loi patronale El Khomri.
Le matin même, l’intersyndicale départementale CGT, FO, Solidaires et FSU appelait à une manifestation à Saint-Nazaire, manifestation qui a réuni 6 000 personnes venues de tout le département, avec notamment quatre cars de Nantes. Cela faisait longtemps qu’un tel cortège ne s’était pas vu dans les rues de la ville. Il a été suivi de prises de parole sur le terre-plein des chantiers navals STX.
À Nantes, dès midi, le centre-ville était quadrillé par les forces de l’ordre et la place du Bouffay filtrée par des contrôles. Cela n’a pas empêché les manifestants de se regrouper petit à petit, aux cris de « État d’urgence, état policier, on ne nous enlèvera pas le droit de manifester ! » Il y avait là des jeunes, des syndicalistes, des militants de gauche et d’extrême gauche, et aussi un groupe de cheminots en grève qui tenaient à participer à cette manifestation même interdite.
Un cortège de 800 à 1 000 manifestants, scandant des slogans hostiles à la loi El Khomri et au gouvernement, a arpenté les rues de la ville pendant deux heures, malgré la pluie de lacrymogènes. Il y avait de la colère et pas besoin de sono pour faire entendre les slogans comme : « Ni chair à patron, ni chair à matraque, c’est tous ensemble qu’on contre-attaque ! »
Six cents policiers avaient été réquisitionnés, ainsi qu’un hélicoptère, pour contrer la manifestation et, à cette tâche, ils se sont montrés particulièrement zélés. Très rapidement, alors qu’il n’y avait aucune casse, ils ont tenté de disperser les manifestants à coup de grenades lacrymogènes irritantes et suffocantes. À tel point que certaines rues étaient littéralement noyées sous les gaz qui pénétraient partout, dans les voitures coincées dans les embouteillages, les magasins, les parkings souterrains, et même dans une cour d’école où les enfants étaient en récréation.
Les policiers encerclaient les manifestants par petits groupes et les arrêtaient sur le simple fait d’avoir manifesté. Il y a eu près de 80 interpellations et 56 gardes à vue. À tel point que les services de police ont été débordés. Désormais, 26 Nantais ou habitants du département sont interdits de circulation et de manifestation les jours de rassemblement, jusqu’à la fin de l’état d’urgence.
Si Valls croyait assommer la contestation avec son 49-3 et ses interdictions, c’est raté. D’autant que la grève a été votée à Donges (au dépôt de carburants et à la raffinerie) et que le port de Nantes-Saint-Nazaire est aussi en grève. Mardi 24, la zone industrielle de Penhoët (STX, Aerolia, Sides, Man Diesel…) était appelée à la grève, avant la manifestation du jeudi 26 mai.