Continental – Clairoix : encore une fois en justice contre les travailleurs25/05/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/05/2495.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental – Clairoix : encore une fois en justice contre les travailleurs

Mercredi 18 mai s’est tenue l’audience de la Cour de cassation, devant laquelle le groupe Continental demandait que les jugements qui l’ont condamné soient remis en cause et cassés.

C’est l’ultime recours possible pour faire annuler ces condamnations, qui n’ont octroyé que de maigres compensations face au désastre économique et humain provoqué par la décision des dirigeants de Continental AG de fermer en 2009 l’usine de Clairoix, avec à la clé 1 113 licenciements. Au même moment, d’ailleurs, Continental annonçait la fermeture de son usine de Stöcken près de Hanovre, en Allemagne, avec là plus de 800 licenciements.

Ce qui est remarquable est que l’absence de cause économique dans la décision de fermeture de l’usine de Clairoix n’a été contestée par personne. L’avocat général, représentant l’État, a même tenu d’entrée à « rassurer les salariés », en précisant que, s’il allait contester une partie des jugements, il demandait la confirmation de ceux de la cour d’appel d’Amiens et des Prud’hommes de Compiègne concernant l’absence de cause économique et les indemnités attribuées aux salariés. Même l’avocate de Continental AG n’a pas voulu défendre la réalité économique de cette fermeture.

D’une certaine façon, c’était rendre hommage à la lutte déterminée menée en 2009 par les travailleurs de Clairoix et au maintien de leur mobilisation jusqu’à aujourd’hui, en préférant ne pas les provoquer. Cette année encore, les ex-salariés se sont rendus aux usines Continental d’Aix-la-Chapelle en Allemagne et à celle de Toulouse, pour s’adresser aux travailleurs de ces usines. En fait, pour Continental, les quelques dizaines de millions d’euros qu’a dû verser ce groupe milliardaire, qui regroupe près de 200 000 salariés et enregistre chaque année de nouveaux records de profits, sont peu de chose. La préoccupation majeure de Continental AG est de ne pas être considéré comme le véritable employeur des ex-salariés de Clairoix, au lieu de sa filiale française. Il demande donc que soient cassés les jugements qui l’ont déclaré tel. Cela concerne moins Clairoix, qui est une affaire close, que les autres usines qu’il a encore en France. Au-delà de Continental, il y a la préoccupation des grands groupes d’éviter une jurisprudence qui viendrait entraver un peu leur liberté de fermer les usines et de licencier sans rendre de comptes.

L’avocat général, représentant du ministère de la Justice, et au-delà l’État lui-même ont apporté de ce point de vue leur soutien à Continental et aux groupes à établissements multiples. Il a longuement expliqué qu’à notre époque il faut laisser ces grands groupes s’organiser à leur guise, afin qu’ils puissent affronter la concurrence sans entraves, sans faire peser sur eux la responsabilité de fermetures intervenant dans leurs filiales. Il faudrait donc en finir avec la qualification obsolète de co-employeur, non seulement pour Continental mais pour toutes les entreprises.

Le jugement sera rendu le 6 juillet, mais d’ores et déjà le comité de lutte de Continental Clairoix a fixé un rendez-vous en septembre pour tirer les conclusions de ce combat juridique et de la mobilisation, en espérant que ce sera un rendez-vous festif, mais décidé à rester vigilant jusqu’au bout.

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