Mémoire de l’esclavage : une seule réparation, la révolution11/05/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/05/2493.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mémoire de l’esclavage : une seule réparation, la révolution

Depuis 2006, le 10 mai est la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition. La France officielle, celle des préfets et des manuels scolaires, considère donc maintenant la déportation de millions d’Africains vers l’Amérique pour ce qu’elle fut, un crime de masse. Il aura fallu attendre plus de 150 ans après l’abolition définitive de l’esclavage, en 1848, pour ce simple constat.

Mais cette reconnaissance à elle seule est loin d’épuiser la question. La traite négrière ne fut pas seulement l’occasion de s’enrichir pour des armateurs peu scrupuleux. Elle constitua, trois siècles durant, un des piliers de l’enrichissement, de la constitution même de la classe bourgeoise d’Europe dans son ensemble. Le commerce triangulaire était l’affaire qui tirait toutes les autres, la poule aux œufs d’or qui donna le capital de départ au mode de production capitaliste.

L’autre pilier de l’accumulation primitive du capital fut la destruction de la paysannerie, la prolétarisation forcée, à coups de sabre, de prison et de gibets, du petit peuple d’Europe. Cette guerre-là attend encore sa commémoration.

Aujourd’hui, des associations demandent, au-delà de la commémoration de l’esclavage, une forme de réparation. Mais comment évaluer le préjudice subi, quelles compensations offrir, et à qui ? Puisque c’est tout le monde bourgeois qui s’est construit sur l’esclavage, il faudrait donc demander à la bourgeoisie contemporaine de se dessaisir de sa fortune. Et pour en faire quoi ?

Aujourd’hui, les descendants des esclaves et ceux des paysans dépossédés se retrouvent dans le prolétariat mondial, avec de nombreux autres, dont les ancêtres ont traversé d’autres histoires et d’autres formes d’exploitation. Le développement historique a fait d’eux une seule classe sociale. Seule cette classe, en prenant en main la gestion de la société dans l’intérêt de tous, pourra mettre fin à l’interminable suite d’injustices qu’aura été la domination de la bourgeoisie.

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