Loi travail : les patrons veulent tout, et plus que tout11/05/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/05/p3_Manif_9_avril_2016_Nantes_ndeg2.JPG.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Loi travail : les patrons veulent tout, et plus que tout

Pierre Gattaz, président du Medef, s’acharne à affirmer que la loi travail est déjà vidée de tout ce dont le patronat avait besoin.

Illustration - les patrons veulent tout, et plus que tout

« On n’y comprend plus rien », « c’est une loi pour rien », déclare-t-il. C’est pourtant le même Gattaz qui a souligné que cette loi introduisait une « vraie inversion de la hiérarchie des normes ». Cela signifie que ce ne sera pas une règle générale valable pour tous les salariés à l’échelle du pays qui s’imposera dans une entreprise, mais l’accord imposé localement par le patron. Par exemple, même si officiellement la durée légale du travail restera de 35 heures par semaine, à l’échelle d’une entreprise le patron pourra tout à fait légalement, sans avoir à demander la moindre dérogation, imposer 48 heures de travail par semaine. Et il pourra aller jusqu’à 60 heures, en demandant une dérogation.

Dans cette loi, tout va dans le sens des patrons. Mais Gattaz, en bon représentant de leurs intérêts, tient à maintenir la pression sur le gouvernement et sur la société. Il a ainsi dénoncé le fait que le gouvernement a retiré le plafonnement des indemnités prud’homales et il a hurlé à la simple évocation d’une vague taxation des CDD, menaçant de quitter les négociations sur l’assurance-chômage si tout cela ne partait pas à la poubelle. Mais il faut croire que, pour le Medef, tout ce qu’il y a dans la loi actuellement est suffisamment bon à prendre, car il n’a même pas fait semblant de claquer la porte de ces négociations-là.

Cette mise en scène montre en tout cas que, aussi bien servi que sera le patronat avec la loi travail, il ne sera pas rassasié pour autant. S’il peut choisir de ne pas en réclamer plus cette fois-ci, il reviendra à la charge sans plus attendre une fois la loi votée. Lors d’une interview récente, Gattaz a d’ailleurs dit qu’il souhaitait la fin de la taxation des CDD et des CDI, en précisant : « Si on ne fait pas cette réforme maintenant, il faudra la faire dans six mois, dans un an, dans deux ans. »

Le patronat est à l’offensive et il sait très bien que le gouvernement lui est soumis : il lui a d’ailleurs pratiquement dicté la loi travail. Ni le gouvernement bien sûr ni même l’Assemblée et ses députés frondeurs ne feront barrage à ses volontés. Les seuls qui pourraient le faire sont les travailleurs, s’ils se mobilisent et font usage de toute la force qu’ils représentent dans la société.

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