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Leur société
Areva : des décennies de mensonges
En avril 2015, un grave défaut avait été repéré sur la cuve de la centrale nucléaire EPR, en construction à Flamanville.
L’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) avait donc demandé à Areva, constructeur de l’EPR, de réaliser un audit sur l’ensemble des pièces produites dans l’usine du Creusot dont était sortie la cuve. Les premiers résultats sont édifiants : 400 des 10 000 dossiers étudiés, portant sur des pièces produites entre 1965 et aujourd’hui, présentent des anomalies.
Dans le cas de la cuve, c’est la composition de l’acier qui est en cause : il n’est pas aussi résistant que le prévoyait le cahier des charges. Or, la cuve contient le cœur de la centrale, là où se produisent les réactions nucléaires. Quant aux autres pièces comportant des anomalies, elles sont disséminées dans des centrales déjà en activité alors qu’elles ne répondaient pas aux normes en vigueur. Elles ont pu être vendues sur la base de résultats de tests incomplets ou falsifiés.
Areva affirme que les procédures de contrôle dans l’usine du Creusot ont été revues et que ce genre d’anomalies est désormais impossible. De son côté, la ministre de l’Environnement Ségolène Royal a déclaré que les anomalies étaient mineures et ne remettaient pas en cause la sécurité des pièces. Ces affirmations sont impossibles à vérifier. Il est sûr, en revanche, que l’ASN manque de moyens pour effectuer des contrôles indépendants. À l’occasion de cette affaire, son directeur a d’ailleurs expliqué que l’agence a déjà du mal à contrôler les réacteurs en fonctionnement et qu’elle doit donc faire passer au second plan le contrôle des chantiers comme celui de Flamanville.
Entre Areva qui a vendu des pièces non conformes pendant des décennies et l’État qui consacre un budget insuffisant au contrôle, la sûreté nucléaire n’est une priorité… que dans les discours.