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- Lutte ouvrière n°2491
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Editorial
Reprendre confiance en la force collective des travailleurs
Plusieurs organisations syndicales appellent à une nouvelle journée de grèves et de manifestations le 28 avril. Il faut que tous ceux qui partagent les objectifs du mouvement, le retrait sans condition du projet de loi travail, participent à cette mobilisation et cherchent à y entraîner d’autres travailleurs. Le gouvernement joue la montre pour faire passer sa loi. Il faut montrer que la protestation ne faiblit pas.
Cela fait maintenant près de deux mois que le mouvement s’est engagé contre cette dernière en date des crapuleries du gouvernement Hollande-Valls. Depuis que les élections de 2012 l’ont mis au pouvoir, ce gouvernement ne cesse de porter des coups aux travailleurs, tout en exécutant servilement les desiderata du grand patronat.
Rien ne distingue l’orientation fondamentale du PS au pouvoir de celle de la droite de Sarkozy. À ceci près qu’usant de son étiquette de gauche, il a bénéficié de la complicité au moins passive des directions syndicales. Celles-ci n’ont pas cherché à préparer et à organiser la lutte collective pour permettre aux travailleurs de se défendre. Pire, certaines d’entre elles ont applaudi nombre des mesures antiouvrières. Et même celles qui ont fait mine de contester la politique gouvernementale ne l’ont pas fait avec la vigueur nécessaire.
Alors que les représentants de tant de catégories sociales ont su au moins faire entendre leur opposition – des camionneurs aux chauffeurs de taxi, des éleveurs aux médecins et diverses professions libérales –, les représentants patentés des salariés ont été particulièrement discrets. Pourtant, c’est le monde du travail qui subit l’offensive permanente du grand patronat et du gouvernement.
Les licenciements collectifs se multiplient, y compris dans les grandes entreprises les plus riches, entraînant l’accroissement incessant du chômage. La flexibilité des horaires et la précarité de l’emploi se généralisent, même dans les secteurs dépendant directement de l’État. Le grand patronat foule aux pieds ce qui dans la législation limitait un tant soit peu sa toute-puissance, avant même que le projet de loi El Khomri donne un fondement légal à cette démolition.
La condition salariale n’a cessé de se dégrader tout au long des quatre ans de pouvoir d’une coterie politique qui s’est pourtant fait élire avec le slogan « mon ennemi, c’est la finance ».
Alors, oui, il était temps de réagir ! Et le mouvement engagé, s’il ne s’est pas encore donné la puissance nécessaire pour faire reculer ceux d’en haut, a l’immense mérite de montrer que la politique du gouvernement est rejetée par le monde du travail.
Les syndicats qui mobilisent pour le 28 avril trouvent cependant le moyen d’appeler les cheminots à la grève le 26 avril. Pourquoi cette division ? Les cheminots peuvent cependant dépasser les calculs corporatistes en se joignant aussi à la journée du 28 avril. D’autant qu’une grève de cheminots réussie peut être un encouragement pour les autres travailleurs.
L’heure n’est certainement pas au corporatisme. Au-delà des revendications particulières de telle ou telle de ses catégories, c’est le monde du travail dans son ensemble qui est attaqué. Il est vital de réagir collectivement de toutes ses forces.
Le mouvement est certes encore minoritaire. Mais le monde du travail est peut-être en train de reprendre confiance en ses propres forces qui sont en réalité immenses. Il est indispensable pour l’avenir de changer le rapport de force entre le camp patronal et le camp des travailleurs. Ce n’est pas seulement la loi travail qui est en cause.
Le gouvernement profitera des derniers mois de son existence pour se dire que les prochaines élections étant de toute façon perdues d’avance, autant rendre encore d’autres services au grand patronat. Il le dit en répétant qu’il continuera jusqu’au bout sa politique de réformes. Et le gouvernement suivant prendra le relais. Dans cette période où l’économie capitaliste est en crise, le seul moyen pour la grande bourgeoisie de préserver les profits élevés de ses entreprises, le seul moyen d’accorder à ses PDG des émoluments et des retraites chapeau extravagants, est de prendre aux salariés, aux chômeurs, aux retraités.
Le seul moyen de l’en empêcher est une réaction du monde du travail telle que tous ces parasites du travail humain aient des raisons de s’effrayer devant la menace que leur pompe à profits s’arrête brutalement. Les travailleurs en ont collectivement la force. Il nous faut en prendre conscience.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 25 avril 2016